CNR : un lancement sous le signe de la méfiance des organisations syndicales
Le | Gouvernement
Concernant l’absence de représentants de plusieurs syndicats (CGT, FO, CFE-CGC) au Conseil national de la refondation (CNR) du 8 septembre 2022, Emmanuel Macron a estimé qu’ils avaient eu « tort » de le boycotter. Les confédérations, même celles présentes au CNR, expriment leur méfiance vis-à-vis de la politique sociale du Président de la République.
Destiné à « rebâtir du consensus » pour réformer la France, le Conseil national de la refondation (CNR), inauguré le 8 septembre à Marcoussis (Essonne), affiche 5 thèmes dans le programme des discussions :
- plein emploi ;
- école ;
- santé ;
- bien vieillir ;
- transition écologique.
Le processus pourrait déboucher sur un référendum. « Si le processus que nous lançons aujourd’hui permet de découler sur un référendum, nous le ferons », a expliqué le Président de la République Emmanuel Macron.
Il a également annoncé le lancement d’une « consultation nationale très large » en ligne et sur le terrain pour remettre les Français « au sein des grands choix de la Nation ».
Les organisations syndicales participantes mais réservées
CFDT
La CFDT explique pourquoi elle a choisi de participer au CNR.
« Comme syndicaliste, je saisis toutes les occasions pour porter nos propositions sur le pouvoir d’achat, l’accès à l’énergie, la pauvreté, la transition, le changement du travail. J’attends une démarche loyale, d’écoute, de confrontation des idées et de co-construction sur tous les sujets. Je ne suis ni dans la naïveté, ni dans le rejet systématique. La politique de la chaise vide n’est pas dans la culture de la CFDT. J’attends une démarche loyale, d’écoute, de confrontation des idées et de co-construction sur tous les sujets », a déclaré Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, à son arrivée au CNR.
« Il n’est nullement question de confondre le rôle du CNR et celui du Parlement par exemple. Nous attendons une véritable démarche de co-construction, exigeante mais indispensable », avait indiqué Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, le 6 septembre 2022.
CFTC
Si la CFTC a répondu présente au CNR, la méfiance reste de mise : « On sent bien que le gouvernement veut faire comprendre qu’il a entendu le message des urnes et donner plus la parole au peuple, mais on en est encore loin », a ainsi déclaré au Figaro, le 1er septembre 2022, Cyril Chabanier, président de la CFTC.
UNSA
Dans un souci de davantage de « dialogue avec les organisations syndicales », Laurent Escure, président de l’UNSA a également répondu présent au CNR.
Les organisations syndicales absentes
« Le Conseil national de la refondation est le rendez-vous de ceux qui souhaitent avancer dans le dialogue pour essayer de surmonter les difficultés auxquelles notre pays est confronté. Il est un peu paradoxal de dire qu’au motif de ne pas avoir été écouté les années précédentes, de ne pas venir au CNR. Après avoir rencontré les organisations syndicales en juin et juillet 2022, nous avons pris en compte leurs remarques afin de travailler ensemble », déclare l’entourage du Président de la République, le 6 septembre 2022 avant le lancement du CNR.
« La porte sera toujours ouverte à ceux qui n’ont pas souhaité venir le 8 septembre. Nous serons très nombreux et suffisamment divers pour refléter l’ensemble des points de vue. Nous ne gagnons que par le dialogue. La politique de la chaise vide ne fait pas avancer les possibles, ni résoudre les difficultés dans les thèmes qui sont au cœur des préoccupations des Français. »
CFE-CGC
La CFE-CGC justifie son absence de la réunion de lancement du CNR de la manière suivante : « Depuis 5 ans, voire au-delà, les syndicats sont assignés à un rôle de faire-valoir, renvoyés dans les entreprises, le seul lieu où le pouvoir leur reconnaît une utilité concrète. »
« Méconnaissant la force du paritarisme dans sa capacité à générer du développement économique à l’appui d’une norme sociale ambitieuse, l’exécutif légifère sous la dictée des puissants sans jamais intégrer les impacts mesurés d’une politique de dérégulation inefficace. »
CGT
Pour la CGT, l’énoncé des mesures du programme du CNR, et les lois qui en découlent, sont « aux antipodes du programme qu’Emmanuel Macron porte depuis 2017 et des lois qu’il a mis en œuvre. L’utilisation du sigle CNR ressemble à de l’usurpation sociale et historique, à de la communication dont nous ne pouvons être dupes », a déclaré de son côté Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, dans un courrier adressé au Président de la République le 6 septembre 2022.
« De plus, l’expérience de ces dernières années nous a montré que sa volonté d’écoute, maintes fois répétée, ne s’est jamais concrétisée », a ajouté le leader de la CGT.
FO
Reprenant l’expression gaullienne de « machin » pour qualifier ce CNR nouveau dont beaucoup d’observateurs peinent à comprendre l’utilité, Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, a rappelé l’existence du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), « qui est doté d’une représentation variée dont syndicale, et qui est habilité à examiner de multiples dossiers », indiquait FO dès le 15 juin 2022.
À l’instar de la CGT, FO a adressé une lettre à Emmanuel Macron pour lui faire savoir qu’il n’ira pas à Marcoussis.
« Force Ouvrière ne saurait se trouver associée à un travail d’élaboration d’un diagnostic partagé et/ou de co-construction de réformes législatives en dehors du Parlement. »
« FO a toujours contesté les tentatives de dilution des syndicats dans une forme de démocratie dite participative venant concurrencer la démocratie parlementaire et assimilant les interlocuteurs sociaux au législateur. FO réitère son attachement à la séparation entre le champ politique et le champ syndical et ne peut pas s’associer à un projet visant à faire du syndicat un colégislateur. »