Droits des salariés

Laurent Escure (UNSA) : « pour la première fois, les salariés évaluent le monde du travail »

Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé

76 % des salariés considèrent qu’en France, on ne parle pas assez de leurs conditions de travail. C’est notamment ce que révèle le premier indice mensuel UNSA du moral des salariés, qui est de 5,7/10 en février 2024. Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, analyse ces résultats.

Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA - © Unsa
Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA - © Unsa

Les résultats de l’indice UNSA en février 2024

L’utilité du travail qu’on demande aux salariés reçoit une note de 7,2/10 (0 = très inutile, 5 = ni inutile, ni utile, 10 = très utile).

L’avenir de sa profession reçoit une note de 5,2/10 (0 = très négatif, 5 = ni négatif, ni positif, 10 = très positif).

Les perspectives de carrière reçoivent une note de 5,2/10 (0 = très pessimiste, 5 = ni pessimiste, ni optimiste, 10 = très optimiste).

La conciliation des vies professionnelle et personnelle reçoit une note de 5,2/10 (0 = très difficile, 5 = ni difficile, ni facile, 10 = très facile).

La satisfaction du salaire perçu reçoit une note de 5,2/10 (0 = très mal payé, 5 = ni mal payé, ni bien payé, 10 = très bien payé).

La motivation quotidienne au travail reçoit une note de 5,2/10 (0 = très démotivé, 5 = ni démotivé, ni motivé, 10 = très motivé).

La synthèse s’établit à 5,7/10 pour février 2024.

Qui sont les personnes sondées de l’indice UNSA du moral des salariés ?

L’indice UNSA du moral des salariés est une étude réalisée par Cluster17 auprès d’un échantillon de 3 199 salariés français en activité, représentatif de la population active française du 22 au 28 janvier 2024 en termes de catégories socio-professionnelles, de sexe, d’âge et de répartition entre le secteur privé et le secteur public etc. Pour la première fois, les salariés évaluent le monde du travail.

Pourquoi avez-vous souhaité faire cet indice ?

Avec le temps, les comparaisons, l’évolution de cet indice nous donnera des résultats de plus en plus intéressants.

Suivre les évolutions et les tendances de la société est toujours intéressant. Dans mon travail, je m’appuie souvent sur des sondages et des enquêtes, comme par exemple l’indice des ménages de l’Insee. Or j’ai réalisé l’automne dernier que nous n’avions pas cela pour les travailleurs, ce qui aurait été particulièrement pertinent lors du conflit sur la réforme des retraites. J’ai alors décidé que nous ferions ce travail tous les mois. Avec le temps, les comparaisons, l’évolution de cet indice nous donnera des résultats de plus en plus intéressants. Par ailleurs, nous y ajouterons des questions d’actualité, telles que l’égalité professionnelle à l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars 2024, la prochaine édition. 

Quels sont les enseignements les plus révélateurs des résultats de cet indice selon vous ?

Il est à noter que les salariés, dans la France de février 2024, placent la fatigue, la morosité puis l’enthousiasme comme mots qui décrivent le mieux leur état d’esprit.

Par ailleurs :

  • 83 % déclarent avoir besoin de voir leur salaire augmenter ;
  • 80 % pensent qu’il devrait y avoir moins d’écart entre les salaires des dirigeants et ceux des salariés les moins bien payés.

Ces résultats montrent des sources d’inquiétude multiples.

L’engagement syndical peut-il être une réponse à cette inquiétude, malgré les faibles taux de syndicalisation en France ?

Nous comptons tout de même environ 200 000 personnes adhérentes à l’UNSA, un chiffre qui, rappelons-le, dépasse le nombre des militants de tous les partis politiques en France. Nous sommes nécessaires pour défendre les droits des salariés, notamment par la confiance de ceux qui nous élisent dans les entreprises et les administrations.

Concernant les taux d’adhésion, pourquoi selon vous les syndicats policiers réalisent de bons scores de participation aux élections professionnelles comparés aux élections dans le privé et même dans le reste de la fonction publique ? 

Il y a certainement un esprit de corps qui explique ce bon score de participation. En effet, ce qui caractérise la profession, c’est qu’ils mettent constamment leur vie en jeu et qu’ils sont souvent sous le feu des critiques. Les policiers sont devenus la cible d’attaques terroristes et d’actions violentes, ce qui rend ce métier très dur à exercer. C’est ce qui maintient le niveau de syndicalisation élevé. 

Sachant que l’UNSA compte beaucoup de personnel enseignants, quel est votre regard sur le projet de fusion entre la FSU et la CGT ?

Le travail commun, tel que l’intersyndicale, me semble être une bonne chose pour l’action syndicale.

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une fusion. Simplement, la CGT et la FSU réfléchissent ensemble à leur rapprochement. Ce n’est pas surprenant à mon sens : peut-être que la FSU a envie de sortir de sa catégorie d’action très marquée dans le domaine de l’éducation. D’une manière générale, le travail commun, tel que l’intersyndicale, me semble être une bonne chose pour l’action syndicale. C’est le cas notamment ce 8 mars 2024, où l’intersyndicale rappelle que l’égalité entre les femmes et les hommes, y compris au travail, est un enjeu de justice sociale majeur. Même quand on a des désaccords, il est crucial de se rapprocher et de parler, car c’est ce qui crée un rapport de force vis-à-vis des employeurs et des pouvoirs publics.

Concepts clés et définitions : #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail