Droits des salariés

QVCT en open space : les 4 enseignements de l’étude Dares

Le | Qvct et santé

Pour les 3,2 millions de salariés travaillent en open space en France en 2019, leurs conditions de travail sont globalement moins bonnes que celles des travailleurs en bureau classique. C’est ce que révèle l’étude sur les conditions de travail (QVCT) des salariés en open space publiée par la Dares le 8 décembre 2023.

QVT : les conditions de travail en open space sont moins bonnes qu’en bureau classique - © D.R.
QVT : les conditions de travail en open space sont moins bonnes qu’en bureau classique - © D.R.

1/ Un environnement de travail plus bruyant

  • Les salariés en open space sont moins nombreux que ceux en bureau classique à se trouver dans un lieu de travail sale, humide, et à subir des courants d’air ou de mauvaises odeurs. Ils sont aussi moins souvent privés d’une vue sur l’extérieur. Ils sont ainsi moins confrontés à la vétusté de certains bureaux classiques, leurs locaux configurés en open space ayant sans doute été aménagés en moyenne plus récemment que ceux en bureau classique.
  • En revanche, les open spaces étant souvent des lieux clos, dotés d’une ventilation artificielle, les salariés qui y travaillent subissent plus fréquemment une température élevée (20 % contre 18 % en bureau classique). Ils sont également un peu plus nombreux à ne pas pouvoir entendre une personne, placée à 2 ou 3 mètres, qui leur adresse la parole, ou alors seulement à condition que celle-ci élève la voix (8 % contre 6 %).
  • À autres caractéristiques comparables (la catégorie socioprofessionnelle, la pratique d’encadrement, etc.), les salariés en open space ont plus de risques d’avoir un environnement bruyant. Cela peut affecter le travail, par une distraction accrue, une intimité réduite et des difficultés de concentration. Cela peut aussi conduire à recourir à des stratégies d’adaptation, par exemple, en travaillant à la maison plutôt que dans les locaux de l’employeur.

2/ Des horaires moins extensifs mais un travail plus intensif et plus contrôlé

  • Les salariés en open space sont moins nombreux à travailler habituellement 40 heures ou plus par semaine. Ils sont également moins souvent amenés à effectuer des heures supplémentaires et à emporter du travail à la maison en raison d’un débordement. Ils travaillent moins souvent pendant les horaires atypiques (tôt le matin, le soir, la nuit, le samedi et le dimanche).
  • En revanche, les salariés en open space font face à une plus grande intensité du travail. 39 % d’entre eux sont soumis à au moins 3 contraintes de rythme parmi 8 (contre 33 % pour ceux en bureau classique)1. Ils sont un peu plus nombreux à devoir fréquemment interrompre une tâche pour en effectuer une autre non prévue (77 % contre 75 %). Leur rythme de travail est donc plus contraint. Toutefois, peut-être grâce à des possibilités de collaborer et à l’aide des collègues, ce rythme de travail ne s’accompagne pas d’un sentiment de hâte. Les salariés en open space ne sont pas plus nombreux à travailler sous pression ou à être obligés de se dépêcher que ceux en bureau classique.
  • Les salariés en open space sont davantage soumis aux contrôles des horaires, qu’il s’agisse d’un système de pointage, informatisé ou non, ou d’un contrôle par l’encadrement ou d’autres personnes. En outre, leur rythme de travail est plus souvent imposé par un suivi informatisé (42 % contre 36 %) ou par les contrôles ou surveillances permanents par la hiérarchie (22 % contre 18 %).
  • Les salariés travaillant en open space ont aussi moins souvent la possibilité d’organiser leur travail de la manière qui leur convient le mieux. Les marges de manœuvre dont ils disposent sont donc plus réduites que celles des salariés en bureau classique.

3/ Davantage de soutien de la part des collègues mais pas de la hiérarchie

  • Le soutien entre collègues est plus fort en open space qu’en bureau classique. Lorsque les salariés ont du mal à faire un travail délicat et compliqué, ils sont plus nombreux à recevoir de l’aide de leurs collègues (92 % contre 86 %). Ils ont aussi un peu plus souvent l’occasion d’aborder collectivement avec d’autres personnes des questions d’organisation ou de fonctionnement de leur unité de travail (88 % contre 84 %).
  • Cette collaboration plus répandue et la plus grande proximité ne semblent pas s’accompagner de tensions plus fréquentes avec les collègues : en open space ou non, 21 % des salariés de bureau vivent de telles tensions.
  • Les rapports avec la hiérarchie ne semblent pas affectés par le travail en open space. Les salariés sont aussi nombreux à avoir l’attention de leur supérieur. À autres caractéristiques données (le sexe, la tranche d’âge, etc.), ils sont autant aidés par leurs chefs pour faire un travail délicat et compliqué. Ils ne vivent pas non plus davantage de situations de tension avec leurs chefs.
  • Les salariés en open space sont un peu moins nombreux à disposer d’informations claires et suffisantes pour effectuer correctement leur travail (74 % contre 77 % en bureau classique). Ils sont également moins nombreux à avoir des collègues ou des collaborateurs en nombre suffisant (67 % contre 70 %).

4/ Des arrêts maladie plus fréquents

  • L’état de santé des salariés en open space est un peu moins bon que ceux en bureau classique. Ils sont certes un peu moins nombreux à déclarer un état de santé altéré (18 % contre 20 %), mais cela est dû à des caractéristiques favorables, comme le fait qu’ils sont en moyenne plus jeunes. Une fois tenu compte de ces différences, les salariés en open space ont un risque supérieur de déclarer un état de santé altéré par rapport aux salariés en bureau classique.
  • Les salariés en open space sont plus nombreux qu’en bureau classique à avoir souvent ressenti des douleurs au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête. Ces douleurs pourraient être liées à l’environnement de l’open space, plus bruyant et souvent équipé de fenêtres sans ouverture, de ventilation et éclairage artificiels, ainsi que de mobiliers standardisés.
  • En outre, le rythme de travail plus contrôlé et contraint des salariés en open space peut engendrer ou aggraver des douleurs physiques. Par exemple, des normes de production ou des délais à respecter en une heure ou en une journée au plus sont susceptibles d’entraîner des mouvements brusques ou des postures inconfortables.
  • Les absences pour raisons de santé sont plus fréquentes en open space : les salariés sont plus nombreux à déclarer avoir eu au moins un arrêt maladie (hors maternité) au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête (34 % contre 27 %).

Ce phénomène pourrait s’expliquer, d’une part, par une exposition au bruit et aux virus plus importante en open space, et d’autre part, par des facteurs de risques psychosociaux. Par exemple, le manque d’autonomie, plus marqué chez les salariés en open space, est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires et mentales. D’ailleurs, du point de vue de la santé psychique, les salariés en open space sont un peu plus nombreux à avoir un risque élevé de dépression, selon le score de bien être de l’OMS.

Source des données

• L’enquête Conditions de travail vise à obtenir une description concrète du travail, de son organisation et de ses conditions selon divers angles : horaires, rythmes de travail, pénibilité, organisation du travail, coopération, conflits, etc.

• Elle est réalisée tous les 3 ans depuis 2013 et alterne une focalisation sur les conditions de travail (CT 2013 et CT 2019) ou sur les risques psychosociaux (CT-RPS 2016). Depuis l’édition 2019, elle comporte une question sur le travail en open space.

Concepts clés et définitions : #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail