Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail : les lauréats 2023
Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé
Le 29 mars 2023, la 13e édition du Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail a récompensé les ouvrages de Juan Sebastián Carbonell et de Ixchel Delaporte.
Les ouvrages nominés en 2023
Sous le haut patronage du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, cet événement est organisé par l’association Le Toit Citoyen, avec l’appui de Jean Auroux (ancien ministre du Travail, président du jury) et de Pierre Ferracci (Président du Groupe Alpha).
Liste des 4 ouvrages sélectionnés dans la catégorie « Experts » :
• Le Grand Déclassement, Philippe d’Iribarne, Albin Michel ;
• Le Travail pressé, Pour une écologie des temps du travail, Corinne Gaudart, Serge Volkoff, Les Petits Matins ;
• Histoire du repos, Alain Corbin, Plon ;
• Le futur du travail, Juan Sebastián Carbonell, Amsterdam.
Liste des 4 ouvrages sélectionnés dans la catégorie « Témoignages » :
• Comment mes collègues m’ont liquidée : une médecin raconte l’hôpital, Laurence Verneuil, Albin Michel ;
• Les Femmes du Lien, La vraie vie des travailleuses essentielles, Vincent Jarousseau. Dessins de Thierry Chavant, Les Arènes ;
• Plus tard tu seras éboueur, Ludovic Franceschet, Éditions City ;
• Dame de compagnie, en immersion au pays de la vieillesse, Ixchel Delaporte, Le Rouergue.
Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail/Catégorie « Experts »
Le futur du travail de Juan Sebastián Carbonell, Amsterdam.
- L’auteur
Juan Sebastian Carbonell est sociologue du travail et des relations professionnelles à l’ENS Paris-Saclay, où il participe à un projet du Groupe d’études et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile (Gerpisa) à un niveau international et de portée interdisciplinaire.
- Le thème de l’ouvrage
« Le travail est l’objet de nombreux fantasmes. Certains annoncent sa quasi-disparition prochaine, sous l’effet des transformations technologiques. D’autres se contentent de prophétiser la disparition du salariat, que ce soit pour la célébrer ou la déplorer.
- Pendant ce temps, le secteur de l’intelligence artificielle recrute des micro-travailleurs de l’ombre par millions.
- Les ouvriers de la logistique travaillent soixante heures par semaine et parcourent à pied jusqu’à 30 km par jour.
- Et les nouveaux secteurs d’activités sont le lieu de conflits sociaux inédits.
Démontant les discours des futurologues, Juan Sebastian Carbonell montre dans cet ouvrage que le travail conserve une place centrale dans nos sociétés, que cette activité continue de jouer un rôle d’intégration majeur et d’être le principal ressort de la reproduction sociale.
Contre la mise en avant d’une “crise du travail” qui permet d’affirmer qu’il n’existe plus de sujets politiques collectifs, contre le renoncement concomitant que constitue l’idée d’un revenu universel, il dessine une perspective révolutionnaire articulée autour de 2 objectifs :
- libérer la vie du travail,
- libérer le travail de la domination du capital. »
Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail/Témoignages
Dame de compagnie. En immersion au pays de la vieillesse, Ixchel Delaporte, Le Rouergue
- L’autrice
Ixchel Delaporte est autrice et documentariste. Pour son premier livre « Les Raisins de la misère » consacré aux travailleurs précaires du Bordelais et publié en 2018, elle a fait partie des finalistes du prix Albert Londres 2019.
- Le thème de l’ouvrage
« En ce début de XXIème siècle, jamais les personnes âgées dépendantes n’ont été si nombreuses et si isolées. Jamais non plus les métiers de l’aide à la personne n’ont autant recruté.
On parle même de silver économie. Car si, en 2015, l’on évoquait 2,5 millions de personnes âgées en perte d’autonomie, le chiffre pourrait doubler en 2050.
Pour s’occuper d’elles, on engage majoritairement des femmes peu qualifiées, souvent étrangères. Elles forment une population presque aussi invisible que ces Français vieillissants dont elles organisent le quotidien.
Des femmes, plus de 830 000 en France, qui travaillent essentiellement en horaires fragmentés, week-end compris, et gagnent de tout petits salaires. Des femmes qui, outre les tâches matérielles, remplissent la solitude immense dans laquelle vivent tant de nos aînés.
Pendant plusieurs mois, Ixchel Delaporte s’est glissée dans la peau d’une dame de compagnie. Elle nous raconte de l’intérieur cet univers parallèle où la lenteur de l’extrême vieillesse se conjugue à l’activité frénétique de travailleuses sans merci.
Avec humanité, elle fait aussi le portrait de celles et ceux dont elle s’est occupée ou qui furent ses compagnes de travail. Une impressionnante et nécessaire immersion au pays de la vieillesse contemporaine. »