Semaine de 4 jours ou en 4 jours : avantages, freins et préconisations (focus Tandem Expertise)
Par Agnès Redon | Le | Prérogatives
Les expérimentations en entreprise sur la semaine de travail de 4 jours ou en 4 jours se multiplient dans divers secteurs d’activité. Lors d’une conférence en avril 2024, Tandem Expertise, cabinet de conseil auprès des élus du CSE, a décrypté les avantages, les freins et a donné ses préconisations sur le sujet.
Avantages
Pour Tandem Expertise, la semaine de ou en 4 jours présente de nombreux avantages, parmi lesquels :
- Un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle (QVCT). Cela permet aux salariés qui ne font pas de télétravail de bénéficier d’un jour « off ».
- C’est aussi une mesure de correction des inégalités organisationnelles entre salariés générées par le télétravail.
- Par ailleurs, cela favorise un temps accru disponible pour le week-end et le développement d’activités complémentaires indépendantes ;
- Une meilleure récupération personnelle, une meilleure implication et un meilleur engagement des salariés, selon Tandem Expertise. Ainsi, cela génère une réduction de l’absentéisme et des arrêts maladie, selon les retours d’expérimentation pour les entreprises ayant réduit le temps de travail : réduction de l’anxiété, de la fatigue, des problèmes de sommeil, baisse de l’épuisement professionnel, etc.
- Un levier d’attractivité en matière de recrutement. L’effet favorable pour l’emploi est envisageable en cas de réduction de temps de travail ;
- Un meilleur équilibre de charge et de responsabilité entre les femmes et les hommes ;
- L’abaissement de la charge d’activité des personnes au travail au bénéfice des personnes en recherche d’emploi ;
- Un impact écologique positif, avec notamment une baisse des déplacements en voiture.
Freins et limites
Cette nouvelle organisation du travail suppose de nouveaux avantages, mais aussi de nouvelles contraintes pour certains salariés et pour la réalisation de l’activité des entreprises.
En effet, selon Tandem Expertise, la semaine de/en 4 jours contient des risques, parmi lesquels :
- Les conditions de travail avec l’intensité des journées et la réduction des temps non productifs ;
- La baisse des temps sociaux et collectifs dans l’entreprise ;
- Un stress accru, avec des tensions entre les salariés et/ou avec l’encadrement sur le respect des objectifs ;
- Des risques psychosociaux avec la transition organisationnelle et la mise en place d’outils ;
- Une surcharge de travail ;
- Des accident du travail suite à fatigue accrue ;
- Un temps de posture sédentaire augmenté.
Questions organisationnelles
Pour cette organisation, plusieurs questions se posent, d’après Tandem Expertise, parmi lesquelles :
- Si la semaine de 4 jours emporte une réduction du temps de travail, la rémunération est-elle ajustée et dans quelle proportion ?
- Est-ce supportable/envisageable pour les salariés dans cette période d’inflation ?
- Peut-on appliquer la nouvelle organisation uniquement sur la seule base du volontariat individuel ?
- Un unique jour doit-il être imposé pour la semaine de 4 jours pour tous les salariés (fermeture de l’entreprise) ou peut-on laisser les salariés choisir leur propre jour de semaine non travaillé ?
- L’organisation du travail est-elle possible avec la diversité des jours retenus ?
- Cette organisation est-elle envisageable pour tous les secteurs d’activité et tous les métiers ?
- Est-elle envisageable pour les salariés au forfait jours ?
- Comment les représentants du personnel parviendront-ils à maintenir le lien avec les salariés ?
Préconisations
Pour Tandem Expertise, pour envisager cette nouvelle organisation, il est recommandé de :
- L’instaurer au travers d’un accord d’entreprise ;
- Passer par des expérimentations avant toute généralisation ;
- Comme le télétravail, cette nouvelle organisation va engendrer de nombreuses réactions et vécus différents. Ainsi, il faut se laisser l’opportunité d’ajuster cette organisation ;
- Envisager plusieurs organisations pour retenir celle qui serait la plus adaptée ;
- Mettre en place des indicateurs de mesure des effets de la nouvelle organisation. Le CSE, la commission SSCT et les organisations syndicales auront ainsi un rôle majeur à jouer pour stimuler des accords innovants et socialement bénéfiques. Ils seront essentiels à la veille active sur la préservation ou l’amélioration des conditions de travail.