Droits des salariés

38 % des cadres témoins ou victimes de « blagues » racistes (baromètre Ugict-CGT)

Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé

« Nous traversons une période de libération de la parole raciste et xénophobe, accentuée par les scores électoraux de l’extrême droite et des élections législatives où le RN était pressenti comme le grand vainqueur. Les chiffres du baromètre font état de paroles et actes racistes décomplexés », selon les auteurs d’une étude « Opinions et attentes des cadres » 2024 de l’Ugict-CGT, présentée à la presse le 17 octobre 2024.

Baromètre « Opinions et attentes des cadres » 2024 Ugict-CGT - © D.R.
Baromètre « Opinions et attentes des cadres » 2024 Ugict-CGT - © D.R.

Un cadre sur dix victime de blagues racistes

« Force est de constater que le patronat ne prend pas ses responsabilités en matière de prévention et de sanction des actes discriminatoires. L’Ugict-CGT a publié des modèles de courrier pour le public comme pour le privé, afin que les salariés puissent interpeller leur direction sur la montée des discours discriminatoires au sein des collectifs de travail », déclare le syndicat.

Sur les paroles et les actes racistes, le baromètre indique que :

  • 38 % des cadres ont déjà été témoins ou victimes de “blagues” racistes, et un cadre sur dix déclare en avoir déjà été victime ;

  • Un cadre sur deux déclare que son employeur ne l’a jamais informé des droits et des recours en cas de comportement raciste au travail ;

  • 55 % des répondants estiment que leur employeur agit pour lutter contre le racisme au travail.

Un cadre sur quatre déclare travailler plus de 45 heures par semaine

« Dans l’encadrement, la durée du travail explose. Les chiffres de l’Insee de 2024 et les résultats de notre baromètre montrent une situation très éloignée des discours politiques et patronaux. »

Sur le temps de travail :

  • 63 % des cadres déclarent travailler plus de 40 heures par semaine, et un cadre sur quatre indique travailler plus de 45 heures par semaine ;

  • 82 % disent faire des heures supplémentaires et 51 % en font régulièrement ;

  • Pour les professeurs et professions scientifiques, ce sont 70 % des répondants qui disent faire régulièrement des heures supplémentaires, et 64 % chez les cadres de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale ;

  • 46 % estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur temps de travail réel ;

  • Pour 58 % des cadres faisant des heures supplémentaires, celles-ci ne sont ni récupérées ni rémunérées et ce chiffre atteint 83 % pour les cadres en forfait jour ;

  • Dans le privé, 76 % des cadres administratifs et commerciaux et 73 % des ingénieurs et cadres techniques déclarent que leurs heures supplémentaires ne sont ni payées ni récupérées ;

  • Pour les professions intermédiaires, 22 % déclarent ne pas pouvoir récupérer ou se faire rémunérer leurs heures supplémentaires.

Augmentation de la charge de travail pour 56 % des cadres

Selon le baromètre :

  • 41 % des cadres déclarent être au forfait jour et ce chiffre s’élève à 73 % pour l’industrie manufacturière et les industries extractives.

Concernant la charge de travail :

  • 56 % des cadres estiment que leur charge de travail a augmenté par rapport à 2023 ;

  • En raison de leur charge de travail, 48 % des répondants déclarent travailler fréquemment pendant leurs jours de repos. Pour les professeurs et professions scientifiques, ce chiffre atteint les 85 %, contre 79 % dans la fonction publique ;

  • 51 % déclarent bénéficier d’un temps de repos de 11 heures entre deux journées de travail et 6 % déclarent ne jamais en bénéficier.

« Encadrer le forfait jours » (Ugict-CGT)

L’Ugict-CGT souhaite :

• « encadrer le forfait jours avec un décompte sérieux du temps de travail, et un respect des durées maximales (10 heures par jour et 48 heures par semaine) et des temps de repos (11 heures entre deux journées et 35 heures par semaine) ;

• réduire le nombre de jours travaillés par an en passant à 182 jours, qui équivaudrait à l’application de la semaine de quatre jours et des 32 heures ;

• donner des marges de manœuvre aux ingénieurs, cadres et techniciens sur la maîtrise de la charge de travail : s’il y a des besoins en recrutement, en réorganisation du travail exprimés par les salariés, ils doivent être entendus et suivis d’effet. »

Un manque d’encadrement du télétravail

  • 55 % estiment que ce n’est toujours pas une pratique suffisamment encadrée ;

  • Six cadres sur dix estiment que le télétravail ne protège pas des durées excessives de travail et ne permet pas un réel droit à la déconnexion. C’est 71 % pour les plus de 60 ans, et 75 % pour les professeurs et les professions scientifiques ;

  • 67 % souhaiteraient disposer du droit à la déconnexion, notamment afin de préserver leur vie privée et leur santé.

Un droit d’alerte souhaité à 58 %

« Les cadres ont un positionnement particulier dans l’entreprise puisqu’ils et elles sont à la fois victimes et vecteurs de directives avec lesquelles ils et elles peuvent être en désaccord. La pression reposant sur les cadres va jusqu’à exiger d’eux qu’ils limitent leur propre liberté d’expression. »

  • 66 % ne se sentent pas associés aux choix stratégiques de leur entreprise ou administration ;

  • 52 % déclarent être fréquemment en contradiction avec les choix et pratiques réelles de leur entreprise ou administration ;

  • 58 % aimeraient disposer d’un droit d’alerte dans l’exercice de leurs responsabilités, afin de pouvoir refuser la mise en œuvre d’une directive contraire à leur éthique ;

  • Pour les cadres ayant dénoncé ces faits répréhensibles, 48 % ont subi des représailles (sanction, intimidation, menace sur leur carrière). Parmi les 18-29 ans, ce chiffre atteint 82 % ;

  • Pour les cadres n’ayant pas dénoncé ces faits, c’est principalement parce qu’ils ressentaient un sentiment d’impuissance (39 %), ou bien qu’ils ne faisaient pas confiance à leur entreprise/administration (33 %), ou encore par peur de subir des représailles (27 %) ;

  • 34 % font confiance aux syndicats pour défendre leurs droits, contre 17 % en 2012.

Méthode du sondage Ugict-CGT / Secafi réalisé par ViaVoice

Le sondage a été réalisé auprès de 1 000 cadres interrogés en ligne entre le 09 et 20/09/2024.

La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et secteur d’activité.

Baromètre « Opinions et attentes des cadres » 2024, réalisé par l’Ugict-CGT/Secafi en lien avec l’institut de sondage ViaVoice