Transition écologique : les 4 incidences des actions pour le climat au travail (étude Dares)
Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé
La transition écologique va entraîner des chocs significatifs sur l’emploi et la qualité de vie au travail (QVT), d’après l’étude sur les incidences des actions pour le climat, publiée par la Dares le 22 mai 2023.
L’adaptation des conditions de travail impactées par le changement climatique nécessaire
Selon la Dares, l’adaptation des métiers à une dégradation des conditions de travail due au changement climatique est nécessaire, notamment pour tous les métiers exercés à l’extérieur dont la productivité peut être impactée par les épisodes caniculaires ou la fréquence des événements climatiques extrêmes.
Elle retient notamment 2 sources :
- L’Institut national de la santé publique du Québec a observé par exemple que chaque degré au-dessus de 22 °C en Ontario entraînait une hausse de 75 % du nombre médian d’hospitalisations pour les malaises et les maladies au travail liés à la chaleur.
- À cet égard, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommandait dès 2018 de renforcer rapidement la mobilisation du monde du travail sur les questions des effets directs et indirects du changement climatique sur les risques professionnels, afin notamment de sensibiliser employeurs et salariés sur les conséquences sur la santé, par le biais de documentations spécifiques et de formations« , relève l’étude de la Dares.
L’anticipation, un facteur déterminant
À moyen et long terme, les effets sur l’emploi seront en partie dépendants de la capacité à :
- Anticiper ces effets négatifs de court terme ;
- Accompagner la réallocation de la main-d’œuvre concernée vers des secteurs porteurs, mais également des réorientations productives qui permettront de créer de nouveaux emplois en lien avec la décarbonation de l’économie dans l’agriculture écologique, l’industrie décarbonée, les mobilités actives et la rénovation des bâtiments notamment.
Avec la forte concentration des émissions de gaz à effet de serre sur quelques secteurs, comme l’agriculture, l’énergie, la construction, le transport et l’industrie, ils seront naturellement les plus impactés par la transition.
Des créations et des destructions d’emplois sur tous les niveaux de qualification
Des créations d’emplois
Entre 100 000 et 200 000 emplois supplémentaires seraient créés d’ici 2030. Ces créations seraient portées par des investissements massifs dans la rénovation et les infrastructures, notamment de transport et d’aménagements publics. Les services marchands connaîtraient également beaucoup de créations d’emplois. Les métiers les plus en croissance seraient notamment les ouvriers qualifiés du bâtiment.
Sur l’agriculture, l’étude souligne un léger ralentissement de la destruction de l’emploi agricole à 2030 (ou 2050) en raison d’un contenu en emploi plus élevé dans l’agriculture biologique et de l’importance de l’entretien des forêts et de la biomasse dans le bilan carbone.
Des destructions d’emplois
Plusieurs secteurs risquent de pâtir de la transition. Ainsi, dans les secteurs concernés par des destructions d’emplois, la transition écologique concernerait aussi bien des emplois d’ouvriers comme des emplois d’ingénieurs et cadres, comme dans l’industrie ou les transports.
En effet, les services de transports pourraient perdre près de 10 000 emplois en 2030, souligne l’étude, en raison d’une baisse des transports routiers (fret et voyageurs) que le mode ferré ne compenserait pas.
La formation des salariés, un facteur déterminant
- »En matière de compétences, les tensions dépendront en grande partie de la capacité à anticiper les besoins liés à la transition écologique.
- Si certaines compétences fortement mobilisées dans les activités carbonées auront du mal à être réemployées dans d’autres activités, d’autres pourraient être réutilisées relativement facilement dans des activités moins émettrices, par exemple dans l’énergie où certaines compétences dans les secteurs pétroliers et gaziers pourraient basculer vers des métiers dans le renouvelable ou dans les mobilités décarbonées", précise l’étude.
Ainsi, la création de nouvelles formations et l’adaptation des formations existantes constituent deux leviers centraux pour s’assurer de l’adaptabilité des travailleurs aux nouvelles méthodes de travail, et pour garantir la réussite au niveau macroéconomique de la transition écologique.
Dans le secteur du bâtiment, déjà en forte tension, l’adaptation de la formation des travailleurs aux compétences nécessaires pour la rénovation des bâtiments permettrait à la fois :
- De répondre aux besoins croissants du secteur conformément aux objectifs de la stratégie nationale bas-carbone ;
- D’offrir des opportunités aux travailleurs en place.