Dialogue social

Madeleine Gilbert (CFE-CGC) : « Le sujet de l’environnement doit monter en puissance dans les CSE »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Elue secrétaire nationale lors du 38e Congrès de la CFE-CGC à Tours le 23 mars 2023, Madeleine Gilbert revient sur son parcours syndical débuté en 2003.  Elle livre ses réflexions sur le sens de l’engagement ainsi que sur l’importance des sujets relatifs à la transition environnementale et à l’égalité femmes-hommes dans le dialogue social.

Madeleine Gilbert, secrétaire nationale CFE-CGC - © D.R.
Madeleine Gilbert, secrétaire nationale CFE-CGC - © D.R.

Quel est votre parcours ?

Je suis adhérente CFE-CGC depuis 2003. Mon engagement et mes convictions m’ont par la suite permis d’être élue pour des mandats syndicaux en entreprise :

  • CE et DP - Réseau de Transport Lyon de 2009 à 2013 ;
  • CHSCT & Commission Logement de 2016 à 2019.

De 2010 à 2017, j’étais secrétaire fédérale CFE Energies Territoire Rhône-Alpes Bourgogne Auvergne.

Concernant mes mandats confédéraux, j’étais déléguée nationale confédérale Emploi Formation de 2017 à 2019.

Je suis également :

  • secrétaire nationale confédérale Développement durable - RSE depuis 2019 ;
  • membre de la plateforme RSE de France Stratégie depuis 2020.

Concernant mes mandats territoriaux, je suis conseillère au Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Auvergne-Rhône-Alpes et membre du bureau Commission environnement et transition énergétique depuis 2017. Dans ce cadre, j’ai présenté en juin 2022 en assemblée plénière la contribution « Urgence climatique et ressource en eau : comment limiter les conflits d’usage ?  »

Depuis 2020, je suis administratrice Energie environnement Rhône-Alpes.

Par ailleurs, j’ai négocié l’accord égalité femmes-hommes à RTE (Réseau de transport d’électricité).

Etant investie dans les sujets de transition écologique, sociale et environnementale, j’ai participé aux auditions dans le cadre de la Convention citoyenne pour le climat.

Dans le cadre de la loi Climat et Résilience, j’ai ainsi proposé des amendements aux parlementaires repris in extenso par ces derniers. Cela montre que les syndicats ont été écoutés, compris et que notre action a porté ses fruits.

Je fais également partie du groupe de réflexion Sustainable Leadership à la Confédération européenne des cadres (CEC).

Je viens d’être élue secrétaire nationale CFE-CGC lors du 38ème Congrès de la CFE-CGC à Tours le 23 mars 2023.

Comment est née votre fibre syndicale ?

J’ai décidé d’assumer mes responsabilités autrement dans mon entreprise.

J’ai eu envie de m’investir autrement dans mon entreprise.

Lorsqu’un poste de chef de service m’a été refusé, sous prétexte que j’étais mère de 3 enfants, cela a heurté mes valeurs et j’ai décidé d’assumer mes responsabilités autrement dans mon entreprise.

Je suis d’un tempérament tenace et volontaire pour moi et pour les autres.

A cette période, j’ai rencontré des personnes qui avaient des valeurs et des convictions dans la défense des salariés. Celles-ci m’ont encouragé dans mon engagement.

Cela correspond à ma vision du syndicalisme : épauler les salariés dans leurs parcours et dans leurs difficultés. Cet aspect du syndicalisme semble oublié, et pourtant, c’est le nerf de la guerre. 

Par ailleurs, le syndicalisme offre une ouverture incroyable sur le monde, riche de personnalités, de sujets à traiter et de causes à faire évoluer.

Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à la CFE-CGC ?

La CFE-CGC correspond à mes valeurs de tempérance. Par ailleurs, c’est un syndicat catégoriel d’encadrement qui reflète bien mes préoccupations et mes idéaux.

Quel est le moment marquant de votre parcours ?

Mener des politiques environnementales va de pair avec l’élaboration de politiques sociales.

Les moments marquants sont notamment les suivants :

  • En 2010, j’ai négocié l’accord égalité femme - hommes à RTE. Cela a été l’occasion :
    • de prendre part à la nécessité de changements de mentalités et de comportements à tous les niveaux de l’entreprise, surtout dans la lutte contre les stéréotypes, un objectif transverse à tous les domaines d’actions de l’accord.
    • de contribuer à une entreprise plus ouverte, plus juste et encore plus efficace.
  • Pour le mandat de secrétaire nationale confédérale développement durable RSE que je porte depuis 2019, il a fallu tout construire et monter des groupes de travail pendant la crise sanitaire.
    Il faut mener des politiques environnementales qui vont de pair avec l’élaboration de politiques sociales. Pendant deux ans, j’ai ainsi travaillé avec toutes les fédérations pour construire une stratégie sociale durable dans les entreprises et pour que le sujet monte en puissance dans les CSE.

Par ailleurs, ma direction confédérale me laisse toute la liberté dont j’ai besoin pour agir en totale confiance.

Cela constitue un point marquant de ma vie professionnelle et syndicale. Le fait de pouvoir agir en prenant les sujets en autonomie, négocier, fédérer et obtenir des résultats a été très enrichissant.

Quels sont vos sujets actuels de revendication ?

 Les 2 priorités de ma mandature sont les suivantes :

  • remodeler le dialogue social avec sa vocation environnementale et s’approprier ces nouvelles attributions ;
  • travailler sur une transition écologique juste en rapport avec l’évolution des métiers. 

Il est regrettable que la loi Climat et Résilience n’ait pas rendu obligatoire l’attribution de davantage de moyens aux élus de CSE, comme des heures de délégation et de formation supplémentaires. 

De quelle manière menez-vous des négociations ?

  • En premier lieu, il est important de bien maîtriser les sujets abordés lors des négociations.
  • Ensuite, il faut connaître l’historique des revendications déjà portées.
  • Enfin, il faut beaucoup travailler sur ses dossiers. Je m’appuie aussi sur mes capacités d’analyse et d’écoute pour favoriser les avancées et trouver des terrains d’entente.

Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?

En s’engageant, il est important de savoir pourquoi on s’engage et de bien connaître :

  • l’histoire et les origines du syndicalisme en France comme dans les autres pays,
  • les valeurs portées par son syndicat,
  • l’historique des accords déjà négociés et repérer les sujets sur lesquels il faut s’investir,
  • le retour de terrain. Pour ce faire, il faut aller à la rencontre des adhérents et les écouter.

Comment percevez-vous l’évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?

La convergence des positions a donné une impulsion positive au syndicalisme.

Avant, la CFE-CGC était une organisation plus confidentielle mais, aujourd’hui, les citoyens ont un regard différent sur le syndicalisme.

En effet, l’unité syndicale concernant la réforme des retraites a permis de changer son image. La convergence des positions a donné une impulsion positive et mobilisatrice. 

Dans mes différents mandats, j’ai également constaté un manque de reconnaissance, qui trouve certainement son origine dans la méconnaissance du travail que nous effectuons. 

Par ailleurs, la disparition des CHSCT n’a pas été une bonne chose. Les représentants du personnel le constatent. La santé au travail est moins bien traitée qu’avant, alors que le traitement de ce sujet est à la fois responsable et indispensable. 

Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte de l’émergence de collectifs non-syndiqués ?

C’est dans un cadre structuré que nous pouvons faire avancer ces sujets.

Certaines personnes veulent évoluer hors des structures conventionnelles. C’est à prendre en compte, surtout qu’il s’agit souvent de collectifs agissant pour la protection de l’environnement, une préoccupation majeure et légitime de notre époque. 

Je pense néanmoins que ces personnes devraient porter leurs revendications au sein de nos syndicats, pour qu’elles soient mieux entendues et que l’action soit plus concrète. C’est dans un cadre structuré que nous pouvons faire avancer ces sujets.