Dialogue social

Retraites : « L’amélioration du taux d’emploi des seniors est cruciale » C. Thieffinne (CFE-CGC)


« Le Gouvernement nous a mis autour de la table pour échanger sur les retraites. La forme est donc particulière. Ce n’est pas vraiment une négociation et cela ne débouchera pas sur un ANI. Avec les organisations patronales, il faudra du temps pour trouver un terrain d’entente. Mais nous échangeons dans le calme et de manière constructive », déclare Christelle Thieffinne, secrétaire nationale CFE-CGC à la protection sociale le 07 mars 2025.

Elle s’exprime au sujet de la deuxième session de concertation entre les partenaires sociaux, qui a eu lieu le 06 mars 2025 et qui fait suite à la remise du rapport de la « Mission flash » sur la situation financière du système de retraite au Premier ministre François Bayrou par la Cour des comptes, le 20 février 2025.

Retraites : « L’amélioration du taux d’emploi des seniors est cruciale » C. Thieffinne (CFE-CGC)
Retraites : « L’amélioration du taux d’emploi des seniors est cruciale » C. Thieffinne (CFE-CGC)

Quel est votre état d’esprit à l’issue de la deuxième session de concertation qui a eu lieu le 06 mars 2025 et quelles sont vos revendications ?

Le Gouvernement nous a mis autour de la table pour échanger sur les retraites. La forme est donc particulière, ce n’est pas vraiment une négociation et cela ne débouchera pas sur un ANI. Avec les organisations patronales, il faudra du temps pour trouver un terrain d’entente. Mais nous échangeons dans le calme et de manière constructive.

L’amélioration du taux d’emploi des seniors doit se rapprocher de celui d’autres modèles européens

Nos principales revendications sont les suivantes :

  • La réforme des retraites de 2023 est une mauvaise réforme à la fois brutale et injuste. Le rapport de la Cour des comptes montre bien que ce n’était pas la solution ;
  • Les mères de famille ont particulièrement souffert des conséquences de la réforme, notamment en raison du recul de l’âge de départ à la retraite ;
  • L’amélioration du taux d’emploi des seniors est cruciale et doit se rapprocher de celui d’autres modèles européens, ce qui pourrait également contribuer à une meilleure égalité salariale entre les hommes et les femmes ;
  • Un rééquilibrage dans le partage de la valeur créée par les entreprises est nécessaire. Depuis plus de dix ans, les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté, tandis que le partage de la valeur avec les salariés a diminué. Nous appelons à restaurer cet équilibre pour assurer un financement adéquat de la protection sociale.

Que pensez-vous de la position de Force Ouvrière qui a quitté de la concertation ?

Il est dommage de perdre un partenaire de négociation, car cela réduit les possibilités d’échanges d’idées et de compromis, qui sont essentiels dans le cadre des discussions sur des sujets complexes comme les retraites. Mais nous n’avons pas de position spécifique à prendre sur ce choix : chaque organisation syndicale agit selon ses propres lignes et ses bases.

Comment réagissez-vous à l’idée d’Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, qui propose de supprimer trois jours fériés par an pendant lesquels les salariés travailleraient, pour verser le fruit de ce travail sur leur compte de capitalisation ?

La CFE-CGC s’oppose à cette idée qui imposerait une charge supplémentaire aux salariés. Cette mesure signifierait que les salariés seraient encore plus sollicités, ce qui n’est pas acceptable.

Cela pourrait aggraver les conditions de travail et augmenter les risques de santé au travail

Les travailleurs, notamment ceux au forfait jour, sont déjà très sollicités, et augmenter leur charge de travail ne résoudra pas les problèmes de productivité ou de compétitivité. Au contraire, cela pourrait aggraver les conditions de travail et augmenter les risques de santé au travail, notamment les arrêts maladie et les problèmes psychosociaux.

Pour améliorer la productivité, il faut que les conditions de travail soient meilleures et que le système tire les compétences vers le haut. Cela suppose d’augmenter les rémunérations et de mettre fin aux trappes à bas salaires, avec un système incitatif à la montée en compétences.

Que penseriez-vous si le Gouvernement confiait la gouvernance des systèmes de retraite aux partenaires sociaux ?

Confier la gouvernance des systèmes de retraite aux partenaires sociaux pourrait être bénéfique, à condition que les partenaires sociaux aient accès aux ressources nécessaires, et qu’ils bénéficient d’une certaine autonomie dans la prise de décisions, notamment sur les cotisations et les réserves financières.

Les réserves financières jouent un rôle clé dans la gestion des régimes de retraite par répartition. Elles permettent de lisser les fluctuations économiques et d’éviter des ajustements brusques. En cas de crise, comme celle du Covid-19, ces réserves peuvent être utilisées pour maintenir le paiement des pensions. Contrairement aux régimes complémentaires comme l’Agirc-Arrco, les systèmes de retraite de base n’ont souvent pas de réserves, ce qui les oblige à fonctionner à la dette. Cela pose des défis pour la stabilité financière et la gestion à long terme.

Ainsi, pour que la gouvernance par les partenaires sociaux soit efficace, il est essentiel que les règles du jeu soient claires et qu’ils aient une influence sur les paramètres clés du système. Cela implique une concertation avec le Gouvernement pour définir ces règles.