CNTR : titres-restaurant, un levier pour la qualité de vie au travail ?
Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé
Reposant sur l’articulation des rôles de l’État, des entreprises et des représentants des salariés, le titre-restaurant peut contribuer à la qualité de vie au travail. Lors d’un point presse organisé le 10 mai 2023, la Commission nationale des titres-restaurant (CNTR) a émis des propositions.
Les propositions de la CNTR
La CNTR propose des nouvelles mesures, parmi lesquelles :
- La majoration de la participation patronale à hauteur de 75 % au lieu du plafond actuel à 60 % ;
- La suppression de la mesure d’utilisation circonscrite du titre-restaurant : il serait utilisable sur l’ensemble du territoire national et non plus uniquement dans son département ;
- L’élargissement du dispositif aux travailleurs non-salariés qui sont, aujourd’hui, en situation d’inégalité par rapport aux salariés. En effet, en élargissant l’accès du titre aux 3 millions d’indépendants (et particulièrement les auto-entrepreneurs et les travailleurs des plateformes numériques), ces derniers auraient la possibilité de mieux concilier vie professionnelle/personnelle et bénéficier de l’avantage des exonérations fiscales et sociales du titre. Cette évolution offrirait une prise en charge de la restauration salariale au bénéfice de ces travailleurs.
Titre-restaurant : des adaptations sur fond de crise sanitaire
Depuis 2020, le titre-restaurant a vécu diverses évolutions, parmi lesquelles :
• Déplafonnement à 38 euros de l’utilisation quotidienne chez les restaurateurs durant la crise sanitaire (désormais caduc) ;
• Majoration du plafond d’utilisation quotidienne auprès de l’ensemble des commerçants, à hauteur de 25 euros, depuis le 1er octobre 2022, et à vocation pérenne ;
• Majoration successive du plafond d’exonération de la contribution patronale, et à hauteur de 6,50 eurospar titre depuis le 1er janvier 2023 (soit une valeur faciale maximum de 13 euros) ;
• Achat de tout produit alimentaire pour une période dérogatoire, jusqu’au 31 décembre 2023.
La contribution des titres-restaurant à la QVCT
- « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le titre-restaurant est un dispositif mal connu à la fois des salariés. En effet, il est régi par un cadre réglementaire, notamment avec un plafond d’utilisation, la limitation de la zone géographique d’utilisation, etc.
- Cette réglementation et ces contraintes sont la contrepartie des exonérations sociales et fiscales. Comme les employeurs et les salariés co-financent le dispositif, les salariés considèrent que le titre-restaurant alimente le dialogue et soutient la cohésion sociale au sein de l’entreprise », a indiqué Patrick Bouderbala, président de la CNTR.
« L’enjeu d’égalité devant la pause repas est particulièrement important pour les salariés aux revenus modestes, plus nombreux au sein des PME et TPE », a-t-il précisé.
Selon son calcul, un salarié au Smic qui n’accède pas au dispositif titre-restaurant devrait consacrer environ 15 % de son salaire brut à se nourrir le midi s’il voulait accéder à un repas similaire à celui des autres salariés.
« Ce seul fait montre que le titre-restaurant protège particulièrement les salariés modestes. Aujourd’hui, seulement 5 millions de salariés en bénéficient. La couverture assurée par cet outil est donc large mais demeure incomplète. »
Les pistes pour développer l’avantage titre-restaurant
Selon Jean-Michel Rousseau, vice-président du CNTR rattaché au collège salarié (CFDT), « le titre-restaurant était un avantage social important et les représentants du personnel élus sont particulièrement attachés à ce qui participe au dialogue social dans les entreprises. »
Voici les pistes qu’il évoque pour développer cet avantage :
- Inciter les TPE/PME à entrer dans ce dispositif ;
- Réaliser un contrôle du bon usage des titres-restaurant, qui reste essentiel. En effet, son mésusage menace directement son existence ;
- Maintenir le dialogue social à 4 collèges (des employeurs, des salariés, des restaurateurs, des émetteurs de titres) ;
- Fixer un horizon proche pour anticiper la gestion de la dématérialisation des titres-restaurant et accompagner le changement au sein des entreprises ;
- Redéfinir une majoration de la participation patronale à hauteur de 75 % (au lieu du plafond actuel à 60 %) et modifier le plafond d’exonération.
- Travailler sur une divergence de fond. Sur la liste des produits éligibles, une mesure expérimentale d’élargissement à grande échelle est valable jusqu’au 31 décembre 2023. Si le titre-restaurant doit permettre la restauration des salariés et intégrer des nouvelles donnes comme le télétravail, ça ne doit pas aller au-delà et devenir un chèque alimentaire. L’utilisation du titre-restaurant doit demeurer réservée à l’acquisition de repas consommés au restaurant ou de préparations alimentaires immédiatement consommables.
Concepts clés et définitions : #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail , #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance