Droit des salariés : les 4 enseignements de l’étude Dares sur la structure des rémunérations
Par Agnès Redon | Le | Qvct et santé
La part du salaire de base dans la rémunération brute atteint 74,9 % en 2020, en retrait par rapport aux années précédentes. C’est l’un des enseignements de l’étude sur la structure des rémunérations en 2020 publiée par la Dares en octobre 2023.
1/La part du salaire de base est en retrait
- La part du salaire de base dans la rémunération brute atteint 74,9 % en 2020, en retrait par rapport aux années précédentes. Ce repli est à relier à la hausse des indemnités d’activité partielle (ou chômage partiel), qui représentent 3,9 % de la rémunération brute totale. Le recours à l’activité partielle s’accroît en effet nettement, en réponse à la crise sanitaire liée au Covid-19.
- La part variable de rémunération brute est constituée en majeure partie de primes et compléments de salaire. Elle représente 25,1 % de la rémunération brute totale en 2020, contre 19,7 % en 2018. Cet écart tient principalement aux indemnités de chômage partiel versées durant la crise sanitaire.
- Ainsi, les autres éléments de rémunération, qui comprennent les indemnités de chômage partiel, représentent 5,4 % de la rémunération totale en 2020 (3,9 % pour les indemnités de chômage partiel, 1,5 % pour autres éléments).
2/ 97,4 % des salariés perçoivent au moins un élément variable de rémunération en 2020
- Des primes et compléments de salaire sont perçus par la grande majorité des salariés en complément de leur salaire de base (88,8 % en 2020), tandis que les rémunérations liées aux heures supplémentaires et complémentaires ne concernent que 43,9 % des salariés.
- Par ailleurs, parmi les éléments variables de rémunération n’ayant pas le caractère de salaire, l’épargne salariale concerne près d’un salarié sur deux (48,3 %). En 2020, 45,7 % des salariés touchent également des indemnités de chômage partiel et 30,0 % bénéficient d’autres éléments variables (notamment prime Pepa, indemnités de licenciement…). La proportion de salariés concernés par ces deux dernières catégories augmente fortement en 2020.
- Plus les salariés sont dans des grandes entreprises, plus ils sont concernés par des éléments variables de rémunérations. Ainsi, dans les entreprises de 500 salariés et plus, 97,9 % des salariés sont concernés par des éléments variables de rémunération, alors qu’ils ne sont que 95,8 % à l’être dans les entreprises de 10 à 19 salariés.
3/ Les éléments variables de rémunération dépendent fortement du secteur d’activité et de la branche professionnelle
- L’épargne salariale est distribuée à près des deux tiers des salariés des secteurs industriels en 2020. Les heures supplémentaires et complémentaires concernent particulièrement les salariés de la construction et moins fréquemment ceux des services.
- Les indemnités de chômage partiel concernent une majorité de salariés dans la construction et l’industrie en 2020, respectivement 69,2 % et 52,5 %. Dans les services, si la part moyenne est moindre, il y a de très fortes disparités suivant les secteurs d’activité.
- Au sein des branches professionnelles, l’épargne salariale est très répandue dans le regroupement de branches « banques, établissements financiers et d’assurance » et, à un degré moindre, dans la « métallurgie et sidérurgie » et la « chimie et pharmacie ». Les heures supplémentaires ou complémentaires touchent une part très importante des salariés des regroupements de branches « hôtellerie, restauration et tourisme » et « nettoyage, manutention, récupération et sécurité ».
- Les salariés de la branche « hôtellerie, restauration et tourisme » sont les plus concernés par le versement des indemnités de chômage partiel, en répercussion des effets particulièrement forts de la crise sanitaire.
4/ Le recours à la rémunération variable diffère selon le niveau des rémunérations brutes totales
- Pour les 10 % des salariés ayant les rémunérations brutes les plus basses, le salaire de base représente 83,7 % de la rémunération brute totale, les primes et compléments 6,4 % et l’épargne salariale 0,7 %. Pour les 10 % des salariés ayant les rémunérations brutes les plus élevées, la part du salaire de base décroît à 70,9 %, tandis que les primes et compléments en représentent 20,3 % et l’épargne salariale 5,2 %.
- Parmi les 10 % de salariés percevant les rémunérations les plus basses, 78,5 % sont concernés par les primes et compléments, contre 96,8 % parmi les 10 % de salariés se situant à l’autre extrémité de l’échelle des rémunérations.
- La part variable représente 26,3 % de la rémunération brute totale des ouvriers, contre 24,9 % de la rémunération brute totale des cadres et professions intellectuelles supérieures. Cet écart résulte principalement des heures supplémentaires et complémentaires, dont la part est plus élevée pour les ouvriers (4,7 % de la rémunération brute totale, contre 0,5 % pour cadres et professions intellectuelles supérieures).
- La part des indemnités de chômage partiel dans le contexte particulier de la crise sanitaire est élevée pour les employés (7 %). Les primes et compléments de salaire représentent 10,0 % de leur rémunération brute totale, contre 15,9 % pour les cadres et professions intellectuelles supérieures.
Pour consulter l’étude sur la structure des rémunérations en 2020 publiée par la Dares
Adaptation d’un article approfondi avec des graphiques dynamiques publié sur News Tank RH en date du 20/10/2023.