Valeo : « Ce PSE a été négocié dans la douleur » (Bertrand Bellanger, FO)
« En prenant en compte les licenciements automatiques et les transferts proposés par Valeo, nous estimons qu’environ 1 000 personnes seront concernées. Bien que Valeo propose des transferts vers d’autres sites, cela implique souvent des changements de contrat et des conditions de travail différentes, ce qui n’est pas acceptable pour de nombreux salariés », déclare Bertrand Bellanger, coordinateur FO Valeo France.
Il s’exprime au sujet du PSE annoncé par l’équipementier automobile le 27/11/2024 et de sa signature par les trois syndicats représentatifs de Valeo à la Suze-sur-Sarthe (CGT, FO, CFE-CGC) le 28/03/2025.

Comment se sont déroulées les négociations avant la signature de l’accord de PSE ?
Nous avons passé le premier trimestre 2025 à négocier les PSE pour trois sociétés juridiques simultanément. Cela a été particulièrement complexe, notamment parce qu’un des sites de production fermait complètement, et la production s’arrête définitivement fin avril 2025, plus tôt que prévu.
Les négociations ont été très dures, avec de nombreuses réunions et peu de progrès positifs
Les employés seront en congé tout le mois de mai 2025 et licenciés en juin 2025, ce qui rend le processus extrêmement rapide et brutal. Initialement, il était prévu que la fermeture se fasse progressivement jusqu’en septembre 2025, mais la décision a été prise d’arrêter tout à la fin avril 2025, ce qui a rendu la situation encore plus difficile.
Les négociations ont été très dures, avec de nombreuses réunions et peu de progrès positifs. Chaque société juridique avait son propre rythme et ses propres méthodes, certaines étant plus organisées que d’autres. Du côté de la direction, les propositions semblaient arriver au compte-goutte, ce qui compliquait encore plus les discussions.
Finalement, nous avons réussi à obtenir un compromis sur la partie supralégale, mais cela a été très douloureux. Valeo ne voulait rien céder pour les employés ayant peu d’ancienneté, et même pour ceux ayant plus de dix ans d’ancienneté.
Qu’en est-il des autres aspects des négociations, comme le congé de reclassement ?
Concernant le congé de reclassement, nous avons obtenu 18 mois, mais Valeo s’est arrêté à 12 mois pour le maintien des cotisations, ce qui est la norme légale.
Cela pose problème car si les employés ne maintiennent pas leurs cotisations, ils pourraient avoir à travailler plus longtemps pour compenser les mois non cotisés.
Concernant l’amiante, nous estimions que Valeo devait indemniser les employés concernés, mais cela a été refusé.
Cela signifie que l’enveloppe budgétaire globale a augmenté, mais les salariés non concernés par l’amiante ne voient pas d’amélioration par rapport à l’année précédente. Nous avions demandé une protection pour les employés potentiellement concernés par l’amiante pendant deux à trois ans, mais cela a également été rejeté.
Combien de licenciements sont-ils prévus au total ?
En prenant en compte les licenciements automatiques et les transferts proposés par Valeo, nous estimons qu’environ 1 000 personnes seront concernées. Bien que Valeo propose des transferts vers d’autres sites, cela implique souvent des changements de contrat et des conditions de travail différentes, ce qui n’est pas acceptable pour de nombreux salariés.
Environ 50 % des employés ne sont pas disposés à accepter ces conditions
Par exemple, beaucoup de salariés de La Verrière devront choisir entre un long trajet quotidien et un nouveau contrat avec moins d’avantages. Environ 50 % des employés ne sont pas disposés à accepter ces conditions, ce qui signifie qu’ils seront probablement licenciés.
En tant que coordinateur FO, quelles sont les prochaines étapes de votre action syndicale ?
Maintenant que les accords sont signés, nous allons nous concentrer sur les commissions de suivi pour accompagner au mieux les employés.
Ceux qui trouvent rapidement une solution, que ce soit un nouvel emploi ou une formation, sont plus faciles à gérer. Mais pour ceux qui ont moins d’expérience ou vivent dans des régions sinistrées, l’accompagnement sera plus complexe.
C’est un travail de longue haleine
Nous devons également gérer les conséquences des accords signés pour garantir que les productions soient effectuées jusqu’au bout, même si cela signifie que les salariés restent coincés dans des conditions difficiles. C’est un travail de longue haleine, et nous devons nous assurer que personne ne soit laissé-pour-compte.