Droits des salariés

CCF : « Le plus gros plan de licenciements de France et le plus dur » (Éric Poyet, FO)


« 1 346 suppressions de postes, ça ne passe pas. Non seulement trop de personnes vont être licenciées, mais aussi que les futures conditions de travail des salariés qui resteront seront dégradées, tout comme le service clientèle », déclare Carole Cebe, déléguée syndicale FO au CCF le 07 février 2025, au sujet du PSE annoncé par la direction de la banque CCF le 04 décembre 2024.

« Sur 3 285 salariés, la direction programme donc de licencier plus d’un tiers des effectifs, et même 42 % si on tient compte des postes vacants. Il faut savoir que ce PSE est le plus gros de France, tous secteurs confondus. C’est du jamais vu dans le secteur bancaire et c’est aussi le plus dur, compte tenu du faible nombre de départs volontaires que nous prévoyons », indique Éric Poyet, délégué syndical FO CCF.

Carole Cebe et Éric Poyet, FO - © D.R.
Carole Cebe et Éric Poyet, FO - © D.R.

Vous attendiez-vous à cette annonce de plan de licenciements ?

Éric Poyet : Nous nous attendions à un plan de restructuration. Mais ce qui a surpris tout le monde, à la fois les représentants du personnel et les salariés, c’est l’ampleur de ce plan exposé par la direction.

Le curseur le plus facile à utiliser pour la direction c’est la réduction de la masse salariale remplacée par des robots et de l’IA

Pour le justifier, elle s’appuie sur un seul argument et qui tient en deux pages fournies au CSE : le CCF n’est pas rentable et perd de l’argent.

Carole Cebe : Le curseur le plus facile à utiliser pour la direction c’est la réduction de la masse salariale remplacée par des robots et de l’IA, au lieu de faire un plan de développement des services. Nous ne nous attendions pas à un plan aussi massif et sur une période aussi courte en matière de suppression de postes. Les coupes concernent tous les métiers.

Dans le détail, la direction du groupe va supprimer 500 emplois au siège à Paris et dans les fonctions support, et plus de 700 au sein des agences bancaires. Des agences dont le nombre sera réduit : sur les 235 réparties sur tout le territoire, 88 vont fermer. Au total, 1 346 emplois seront ainsi supprimés d’ici fin 2026. Sur 3 285 salariés, la direction programme donc de licencier plus d’un tiers des effectifs, et même 42 % si on tient compte des postes vacants.

Quel est le calendrier des négociations ?

Éric Poyet : Le CSE exprimera un avis motivé sur le « livre 2 », dont le parcours social s’étire du 07 janvier au 07 mai 2025, qui explique les raisons économiques conduisant à la restructuration ou à la réorganisation.

Les licenciements devraient intervenir entre octobre 2026 et le dernier trimestre 2026

En parallèle, les organisations syndicales négocieront le « livre 1 » de janvier au 30 avril 2025 au plus tard. Il concernera toutes les actions mises en place par l’entreprise pour diminuer les départs forcés. Il indique aussi les conditions de départs, notamment les aides financières et les indemnités, comme le congé de reclassement.

Après négociation du PSE, les licenciements devraient intervenir au dernier trimestre 2026.

Comment se déroulent les négociations ?

Carole Cebe : Pour l’instant, chaque partie s’exprime et écoute l’autre. Cependant, nous avons commencé à travailler sur les catégories professionnelles et nous nous rendons compte que, pour le moment, la manière dont les effectifs sont découpés par la direction, la loi n’est pas respectée.

En effet, normalement, c’est par catégorie professionnelle que l’on va appliquer les critères d’ordre de licenciement et donc établir quels sont les salariés qui seront licenciés dans le cadre du PSE. Or, à l’heure actuelle, les postes ont été redessinés pour cibler les personnes qui devront partir ou rester.

Quelles sont vos revendications ?

Carole Cebe : 1 346 suppressions de postes, ça ne passe pas. Dans les banques qui ont le plus petit coefficient d’exploitation, c’est-à-dire les plus rentables, il y a un rapport de 75 conseillers pour 25 fonctions supports. Or le CCF prévoit désormais un rapport de 86 conseillers pour 14 fonctions support.

Les futures conditions de travail des salariés qui resteront seront dégradées, tout comme le service clientèle

Cela signifie que non seulement trop de personnes seront licenciées, mais aussi que les futures conditions de travail des salariés qui resteront seront dégradées, tout comme le service clientèle.

Si nous parvenons à signer un accord, il faut que ce soit lisible et transparent pour tous les salariés.

Éric Poyet : Il s’agit également de :

  • Limiter le plus possible le nombre de départs contraints ;
  • Faire retirer du calcul dans les critères d’ordre des licenciements des salariés les évaluations qui ont été faites après l’annonce des licenciements.

Bien qu’il ne soit pas aussi médiatisé que les autres plans de licenciements comme Michelin, il faut savoir que ce PSE est le plus gros de France, tous secteurs confondus. C’est du jamais vu dans le secteur bancaire et c’est aussi le plus dur, compte tenu du faible nombre de départs volontaires que nous prévoyons.

Concepts clés et définitions : #Syndicat