Rémunération et pouvoir d’achat : les 6 conseils pour mener une négociation (focus Syndex)
Par Agnès Redon | Le | Prérogatives
Dans un contexte d’inflation, comment les élus de CSE peuvent-ils aborder les négociations ? Lors d’un webinaire le 1er décembre 2023, Julien Gournay et Yoël Amar, experts du cabinet Syndex, ont donné leurs conseils pratiques pour bien préparer et mener ses négociations.
1/ Appréhender la situation économique de l’entreprise
Pour appréhender la situation économique de l’entreprise, il faut :
- Obtenir l’information économique dans le cadre de l’information-consultation ou de la négociation. Elle permet d’identifier les marges de manœuvre de l’entreprise ;
- Demander l’évolution des indicateurs au cours des 3 dernières années et les perspectives pour les 3 prochaines années ;
- Décrypter l’information économique avec l’appui de l’expert du CSE auquel des analyses spécifiques peuvent être demandées.
2/ Négocier les conditions de la négociation
Pour mener une négociation efficace, il faut :
- Prévoir la rétroactivité. Pour bénéficier pleinement de l’effet des augmentations sur l’année, il est possible de négocier une clause de rétroactivité et ainsi limiter les effets de l’inflation ;
- Prévoir la possibilité de revenir à la table des négociations, avec des clauses de revoyure en fonction du pourcentage de l’inflation.
3/ Maîtriser les enjeux autour des augmentations de salaire
Pour maîtriser les enjeux autour des augmentations de salaire, il s’agit de bien définir dans l’accord ce dont on parle, à savoir :
- La masse salariale de référence ;
- Le montant de l’enveloppe négociée en euros ;
- La population éligible ;
- L’impact estimé du turn-over qui vient souvent limiter l’enveloppe octroyée.
- « Cela permet de vérifier la bonne application des mesures de l’accord, vérification d’autant plus aisée que des indicateurs sont définis en amont entre les partenaires sociaux ;
- Par ailleurs, il est nécessaire de bien distinguer dans la négociation les enveloppes liées à des augmentations générales et individuelles de celles qui viseraient une revalorisation des minimas (Smic ou minima de branche). A défaut, cela pourrait créer une confusion et amputer pour les salariés concernés une partie de leur augmentation générale », indique Julien Gournay.
En période de d’inflation, il est important de cibler les populations les plus exposées.
Ainsi, il faut :
- prioriser les augmentations de salaire pour négocier des mesures pérennes dans le temps ;
- négocier des augmentations collectives ou des mesures plancher. Les petits salaires étant les plus impactés par la forte inflation.
- demander une compensation par des enveloppes de rattrapage en cas de forte perte de pouvoir d’achat. Dans ce cas, il faut prévoir dans l’accord une commission de suivi en charge de veiller à la bonne application de l’accord négocié.
4/ Eviter de substituer les primes de résultat aux augmentations
Les primes de résultat (PPV, intéressement, etc.) répondent à un objectif de partage de valeur.
« Elles ne peuvent se substituer :
- à des augmentations de rémunération ou à des primes prévues par un accord salarial, le contrat de travail ou les usages en vigueur dans l’entreprise ;
- à des éléments de rémunération. Si la PPV limite la perte de pouvoir d’achat sur une année, elle n’offre aucune garantie pour les années suivantes », indique Yoël Amar.
5/ Pour valoriser le pouvoir d’achat, élargir la base de négociation
Les éléments à négocier, particulièrement en période d’inflation, sont les suivants :
- La prime transport, l’aide aux mobilités douces, les indemnités kilométriques en allant au-delà des 50 % de remboursement des frais d’abonnement, incitation financière aux mobilité douces (vélo, forfait mobilité durable etc…), revalorisation des indemnités de déplacements ;
- Les chèques déjeuner en augmentant la participation de l’employeur ;
- L’amélioration de dispositifs conventionnels. « En effet, rien n’empêche une entreprise d’accorder de meilleures conditions que celles définies par la convention collective, notamment pour les primes indemnitaires », précise Julien Gournay.
6/ Cerner les éléments qui sortent souvent du scope de la négociation
Parmi les éléments qui ne sont pas souvent négociés :
- La rémunération variable individuelle. Dans les accords analysés, la rémunération variable reste un sujet peu négocié. Les directions considèrent souvent que la rémunération à la « performance », sont leur affaire, et qu’il n’y a pas lieu de la négocier, mais il est possible de négocier au moins les cadres et modalités collectifs, les limites et la visibilités sur les pratiques.
- Les critères RSE. « Si nous n’avons pas relevé dans les accords analysés de critères extra financiers, selon différentes études de 2022 (notamment EY et Deloitte), ils sont de plus en plus présents dans la rémunération variable des managers et équipes dirigeantes. Cette tendance pourrait se développer dans les années à venir et se décliner également pour d’autres catégories de salariés », estime Julien Gournay.
« Si l’intégration de ces critères peuvent présenter des avantages (prise en compte des considérations environnementales ou RSE), il existe des points de vigilance sur l’inclusion de critères extra financiers dans la politique salariale (critères qui doivent être aux mains des salariés, critères qui doivent rester atteignables etc…) »
Cliquez pour regarder l’intégral du webinaire en replay : « Rémunération et pouvoir d’achat : comment négocier en période d’inflation ? » par Syndex
Concepts clés et définitions : #CSE ou Comité Social et Économique , #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance