François Hommeril (CFE-CGC) : « L’entêtement d’E. Macron est une violence contre le corps social »
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Lors du 38e Congrès de la CFE-CGC à Tours, les congressistes se sont mobilisés le 23 mars 2023 dans une manifestation contre la réforme des retraites.
François Hommeril, nouvellement réélu à la présidence de la CFE-CGC, a réagi aux propos tenus la veille par Emmanuel Macron dans l’interview réalisée sur TF1 et France 2.
Quelles sont vos attentes, dans ce rassemblement devant le Palais des congrès de Tours, où le congrès de la CFE-CGC se déroule actuellement ?
Comme le congrès de la CFE-CGC se déroule un jour de mobilisation, à savoir le 23 mars, nous avons décidé de sortir de la salle où le congrès se déroule, de nous rassembler pour manifester notre adhésion à l’intersyndicale et exprimer notre opposition au projet de réforme des retraites à 64 ans. Il s’agit de montrer que la CFE-CGC répond bien présente dans la mobilisation. Nous espérons que beaucoup de monde se rassemblera face à ce que je considère comme une provocation du président de la République d’hier. Plus il s’entêtera et plus nous considèrerons son action comme une violence supplémentaire contre le corps social.
Quel est votre état d’esprit, après les annonces d’Emmanuel Macron dans son interview ?
Il n’y a eu aucune annonce mais une répétition d’arguments que nous connaissons par-cœur, sur la soi-disant nécessité de la réforme. Or cette réforme n’a aucun fondement, nous l’avons démontré à maintes reprises : elle n’est ni nécessaire ni juste. Prendre les gens pour des imbéciles commence à énerver les gens, cela devient insupportable.
A la place, il faut travailler ensemble sur :
- La fin des carrières ;
- Les conditions de travail ;
- Les risques psycho-sociaux.
Je reste dans un état d’esprit positif et rassembleur car notre combat contre le mensonge, l’arbitraire et la manipulation est juste.
Quelles sont les suites que vous envisagez à cette mobilisation contre la réforme des retraites ?
Nous continuons à exiger le retrait de cette réforme : je rappelle qu’elle n’est pas encore promulguée. Ce n’est pas parce que le Gouvernement a eu recours au 49.3 que nous allons nous laisser faire. Quand on va aussi loin dans le mensonge et le travestissement de la réalité, on ne peut pas prétendre que rien ne s’est passé. Quant à l’action envisagée, elle est décidée en intersyndicale et c’est notre bien le plus précieux. Malgré nos différences et nos particularités, nous avons réussi à nous rassembler et à avoir une communication commune sur l’organisation du mouvement social.
Craignez-vous une résignation des Français opposés à la réforme ? Une montée de la colère ?
C’est en effet un risque dans les deux cas. C’est comme la mayonnaise, une émulsion biphasique, qui, lorsqu’elle se défait, a l’huile d’un côté et les œufs de l’autre. C’est une image qui correspond au mouvement social, qui lorsqu’il se défait, il y a d’un côté la résignation et la colère de l’autre. Ça ne donne rien de bon.