Dialogue social

Gilles Guiton (CFDT Renault) : « Le syndicalisme m’apporte des compétences et des belles rencontres »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Secrétaire de la section syndicale CFDT Renault Le Mans, Gilles Guiton trouve la source de son engagement syndical dans les valeurs d’entraide et le refus des inégalités. Il évoque son parcours syndical et fait partie de ses réflexions sur la convention collective de la métallurgie, en particulier sur le sujet de la prévoyance pour tous les salariés.

Gilles Guiton, secrétaire de la section syndicale CFDT Renault Le Mans - © D.R.
Gilles Guiton, secrétaire de la section syndicale CFDT Renault Le Mans - © D.R.

Quel est votre parcours ?

  • En 2004 , j’étais réfractoriste pour les fourneaux et les fours de fusion en métal chez Renault. Je me suis présenté candidat CFDT au CE de Renault, alors en alliance avec la CFE-CGC. La même année, je suis devenu trésorier adjoint du CE et membre du CHSCT de la fonderie ;
  • En 2006 , pour des raisons internes, la CFDT s’est séparée du secrétaire du CE, puis je suis devenu secrétaire adjoint. J’y suis resté 15 ans ;
  • De 2012 à 2017 , j’ai été élu membre du CCE. J’ai fait partie des équipes de négociations de Renault, notamment sur le handicap et sur la formation ;
  • En 2019 , je suis devenu trésorier du syndicat de la métallurgie ;

Depuis 2020 , je suis déléguée à la mutuelle du groupe Malakoff Humanis ;

Depuis 2022 , je travaille pour la CFDT sur la convention collective de la métallurgie, en particulier sur la prévoyance.

Comment est né votre engagement syndical ?

Le fait d’avoir un des métiers les plus difficiles a rapidement légitimé ma place de syndicaliste. J’ai été reconnu comme tel très naturellement

Les inégalités et les injustices me sont insupportables. M’occuper des autres et rendre service m’a encouragé à m’engager. Le fait d’exercer un des métiers les plus difficiles a rapidement légitimé ma place de syndicaliste. J’ai été reconnu comme tel très naturellement.

Quand j’avais 17 ans, je m’étais engagé dans le milieu associatif en tant que secrétaire du club de pétanque où je jouais.

Plus tard, au début de ma carrière chez Renault, ma fille était gravement malade et avait dû être hospitalisée pendant 2 mois. L’entreprise m’a épaulé et ne m’a jamais posé problème en raison de mes absences. A mon retour au travail, c’est un membre de la CFDT qui a proposé de m’aider à gérer les documents administratifs. J’ai donc recommandé mon aide et rendre la pareille à l’organisation syndicale. 

Le syndicalisme m’a apporté de nombreuses choses qui me manquaient, comme certaines compétences. Par exemple, comme j’avais dû quitter l’école à 16 ans pour aider ma mère, je faisais beaucoup de fautes d’orthographe. Grâce à l’écriture de tracts et d’autres documents variés, ce n’est plus le cas.

J’ai fait de belles rencontres, des personnes différentes de mon milieu d’origine, par exemple Laurent Berger qui est devenu un ami. Il aurait été difficile de le rencontrer hors du syndicat.

Quel est le moment le plus marquant de votre engagement syndical ?

Au début des années 2000, quand nous avons voulu un accord de flexibilité, mon mentor et moi-même avons été pris à partie par la CGT, qui refusait cet accord.

C’est allé très loin : la CGT s’attaquait à nos domiciles et caillassait nos voitures. La direction a même dû mettre un agent de sécurité devant chacune de nos maisons et nous a proposé de signer discrètement cet accord. Mais j’ai refusé de me cacher et nous avons fini par le faire au grand jour.

Quels sont vos principes pour mener une négociation ?

La force syndicale est collective et nous votons tous ensemble les sujets à négocier

Je ne décide jamais seul. La force syndicale est collective et nous votons tous ensemble les sujets à négocier. Si nous ne recueillons pas l’unanimité, nous modifions la proposition faite à la direction. C’est ainsi que je fonctionne.

Si vous deviez donner un conseil à un nouveau militant, que lui diriez-vous ?

Je conseillerais de toujours agir avec le cœur, sans se soucier des critiques. Par ailleurs, il faut choisir le bon syndicat, c’est-à-dire celui qui est le plus en phase avec ses idées.

Quelles revendications portez-vous actuellement ?

Je travaille sur la convention collective de la métallurgie, qui est un sujet important, car nous allons devoir négocier dans les différents territoires et entreprises. Il faut se battre pour que tous les salariés bénéficient d’une prévoyance, ce qui n’est pas obligé le cas dans les petites entreprises.

Comment percevez-vous l’évolution des IRP, depuis le début de votre parcours syndical ?

Alors que les cadences ont augmenté, la santé et la sécurité au travail ne sont plus des sujets à part entière comme avant

Je fais le même constat que mes collègues : en passant du CE au CSE, nous avons perdu en efficacité. Déjà, nous avons perdu des heures de délégation, mais aussi les suppléants, qui étaient aussi impliqués que les titulaires en réunion de CE. 

La disparition du CHSCT a eu des conséquences sur les conditions de travail des salariés. Alors que les cadences ont augmenté, la santé et la sécurité au travail ne représentent plus des sujets à part entière comme avant. C’est regrettable.

Par ailleurs, avant les ordonnances Macron, quand nous faisons un bilan social, nous votons sur le volet handicap, sur la formation et sur de nombreux autres sujets. Désormais, nous ne votons qu’un projet global. Ce manque de précision nous oblige à donner un avis inférieur. C’est une perte de temps considérable.