Les motifs de l’engagement des représentants du personnel (baromètre Technologia /groupe Up)
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Quels sont les motifs de l’engagement des représentants du personnel ? Un premier "Baromètre sur leurs motivations et les freins rencontrés, conduit par Technologia avec Groupe Up, a été publié le 24 juin 2022.
« Sur la base de 349 répondants en poste à 70 % dans des entreprises de plus de 1000 salariés, seuls 9 % reconnaissent que le statut a motivé leur engagement tandis que 33 % assurent qu’ils n’en avaient tout simplement pas connaissance. »
Contrairement à l’idée reçue, l’engagement est donc rarement motivé par le statut de salarié protégé, avec une très grande majorité de répondants déclarant être satisfaits de leur situation professionnelle au moment de l’engagement syndical, selon le Baromètre de l’engagement des représentants du personnel.
Agir contre l’injustice
Cet engagement se construit « au gré des vécus et des témoignages de situations de travail injustes (notamment chez les femmes) et à travers la rencontre de personnalités inspirantes ».
« L’entourage professionnel apparaît également comme le principal acteur jouant un rôle dans l’engagement syndical. En effet, les motivations à l’engagement syndical reposant avant tout sur la lutte contre les inégalités et la volonté de garantir un contre-pouvoir dans l’organisation. »
Ainsi, 74 % des répondants ont été témoins d’une injustice ou d’un conflit professionnel, et 57 % ont vécu une restructuration d’entreprise.
Plus précisément, pour 52 % de l’ensemble des répondants, les moteurs de l’engagement sont les suivants :
- Exercer un contre-pouvoir face aux dirigeants ;
- Représenter les collègues et contribuer à animer un collectif (ASC) ;
- Combattre l’injustice sociale ;
- Mettre des compétences techniques au service du CHSCT ;
- S’exprimer et agir dans mon entreprise dans son entièreté, au delà du métier.
Cette volonté d’améliorer le cadre existant s’exprime notamment à travers :
- la négociation collective. Principalement sur les thématiques des conditions de travail, l’égalité professionnelle, la rémunération et la préservation de l’emploi/compétences/formation ;
- la proposition d’un dispositif d’accompagnement individuel des salariés sur les questions relatives au droit du travail et à la protection des travailleurs.
Parmi les combats prioritaires aux représentants du personnel, le baromètre relève « une grande sensibilité aux thématiques en lien avec l’égalité homme/femme l’emploi et les violences sexistes ».
Une moindre sensibilité est accordée aux enjeux environnementaux et à la défense des minorités (LGBT, antiracisme…). Ce sont néanmoins des thématiques de lutte perçues comme complémentaires aux enjeux du monde du travail.
En dehors du syndicat, les représentants du personnel s’orientent davantage vers l’engagement associatif que politique. En effet, très peu de représentants du personnel déclarent adhérer ou militer pour un parti politique…même s’ils sont plus de 70 % des répondants à se déclarer « politisé ».
L’action syndicale apparait alors comme une action politique à part entière, à distance des actions menées par les partis politiques.
Les difficultés de l’engagement
Dans les réponses restituées, il ressort du baromètre certaines difficultés à agir collectivement, parmi lesquelles :
- A travers l’outil de la négociation collective et sur l’amélioration du cadre existant ;
- A travers les actions inter-syndicales et l’organe du CSE ;
- Une difficulté à engager les salariés en tant que partie-prenante aux actions syndicales. En effet, les salariés agissent principalement comme des « consommateurs des services » proposés par les syndicats
- une insatisfaction quant aux capacités des représentants du personnel à mobiliser les adhérents et militants dans des actions communes, tout comme dans l’instauration d’un rapport de force avec la direction. Cependant, les représentants du personnel se disent satisfaits quant à leurs capacités à informer/communiquer auprès des salariés, traiter les dossiers individuels et à créer du lien social.
En conclusion :
- A travers les difficultés éprouvées à attirer des nouveaux membres (au sein du syndicat ou du CSE) et à mobiliser les salariés dans l’optique d’améliorer le cadre existant (à travers l’action ou la négociation collective), les représentants du personnel sont pessimistes à propos du renouvellement de leurs effectifs.
- Cette difficulté à recruter de nouveaux adhérents n’apparaît cependant pas comme une mauvaise appréciation de l’action syndicale par les salariés.
- Les représentants du personnel déclarent très majoritairement être satisfaits du niveau de reconnaissance dont ils bénéficient auprès de leurs collègues.
Cliquez ICI pour consulter le baromètre Technologia /groupe Up.