Nathalie Bretagne, UNSA : « Me battre pour les autres constitue ma force »
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Membre du bureau fédéral UNSA représentant les sociétés financières, Nathalie Bretagne considère l’engagement syndical comme un don de soi pour aider les salariés confrontés à l’injustice. Elle revient sur son parcours syndical et livre ses réflexions sur l’importance de la formation des élus.
Quel est votre parcours ?
En tant que déléguée syndicale, j’ai négocié 34 accords en trois ans.
Je suis engagée depuis l’âge de 16 ans lors de marches pour la paix dans le monde, pour la défense des personnes sortant de prison ou pour aller faire des travaux chez des personnes ayant peu de revenus. J’aspirais déjà à défendre les autres contre les injustices.
- En 1990, je me suis d’abord engagée en tant que représentante du personnel sans étiquette.
- En 2005, j’ai adhéré au syndicat national du personnel des sociétés anonymes et coopératives HLM (SNPHLM) qui deviendra le SNPHLM UNSA.
- j’ai été élue déléguée du personnel, au CE, au CHSCT, etc. J’ai pris la responsabilité de ces différents mandats jusqu’en 2015, au moment de la réforme d’Action Logement impulsée par le gouvernement de l’époque. Les partenaires sociaux avaient décidé de mettre en place une réforme, ayant pour conséquence la suppression des Comités interprofessionnels du Logement (CIL) au profit d’un collecteur unique.
- En 2016, l’UNSA m’a demandé de monter une section syndicale chez Action Logement, qui en était dépourvue. En tant que déléguée syndicale, j’ai négocié 34 accords en 3 ans.
- En 2017, je suis devenue négociatrice de branche pour les sociétés financières.
- En 2018, j’ai intégré le bureau de la Fédération Banques, Assurances et Sociétés Financières. J’y suis encore membre en 2023.
Afin de prendre de la hauteur sur mes différents mandats à l’intérieur de l’entreprise, je suis devenue conseillère prud’homale en 2020 et j’en suis actuellement à mon deuxième mandat.
Depuis 2022, je suis aussi administratrice salariée à la CAF d’Ille-et-Vilaine. Tous ces mandats à l’extérieur de l’entreprise ont un lien avec le social.
Comment définiriez-vous le moteur de votre engagement ?
C’est avant tout l’aide aux autres et la volonté de se battre pour eux. Surtout quand ils n’ont pas la possibilité de le faire pour eux-mêmes. Voilà ce qui constitue ma force.
Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à l’UNSA ?
L’autonomie promue par l’UNSA m’avait interpellée.
J’avais initialement été approchée par d’autres organisations syndicales.
Lors du changement de classification de la convention collective des HLM, les salariés sortaient des entretiens individuels en pleurs. Il m’avait semblé que les organisations syndicales ne jouaient pas suffisamment leur rôle.
A ce moment-là, l’autonomie promue par l’UNSA m’avait interpellée. En effet, je ne voulais pas qu’on me dicte ce que je devais faire dans mon entreprise. C’est tout naturellement que j’ai choisi d’adhérer à l’UNSA.
Quel est le moment marquant de votre parcours ?
Ce sont notamment les moments victorieux où j’ai défendu des salariés pour qu’ils ne soient pas licenciés et réintégrés à leur poste, sans le moindre avertissement ou la moindre trace dans leur dossier.
Quels sont vos sujets actuels de revendication ?
L’UNSA Action Logement dénonce et s’oppose au PSE.
Le sujet actuel met à mal le paritarisme, dans un contexte de crise du logement. En effet, malgré les engagements pris en 2017 de ne pas opérer de casse sociale, le Groupe Action Logement, engagé depuis 70 ans pour le logement, se trouve contraint de mettre en place, pour la première fois de son existence, un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE).
Le 30 mars 2023, il a été annoncé au CSE « un arrêt des activités économiques » pour sa filiale de mobilité (Ma Nouvelle Ville ou MNV). Pourtant, la nouvelle convention quinquennale qui lie l’activité d’Action Logement au Gouvernement devait intervenir au 1er janvier 2023 et ce, afin de financer les logements des salariés des entreprises françaises. Mais à ce jour, le Gouvernement empêche l’aboutissement de négociations.
Par conséquent, l’UNSA Action Logement dénonce et s’oppose à cette décision. Un PSE est inapproprié dans une entreprise comme Action Logement. Depuis 2018, 3,3 millions de salariés ont bénéficié des aides délivrées par Action Logement. Près d’1/3 d’entre eux ont favorisé la mobilité professionnelle.
Tout cela engendre de nombreux problèmes aux salariés concernés par ce PSE, dont des burn-out. Ils espèrent qu’ils resteront et c’est pourquoi ils investissent beaucoup d’énergie dans leur travail.
De quelle manière menez-vous des négociations ?
Quand je négocie, je m’attache à :
- Examiner ce qui se passe dans les autres entreprises, pas toujours dans la même branche ;
- Regarder ce qui est adaptable ;
- Travailler le fond du dossier.
Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?
Il faut se former tout au long de son parcours syndical. Pour ma part, j’ai eu 4 formations en une année sur 2022. Et pourtant, je suis élue depuis longtemps.
On a le droit de se tromper mais on se doit de donner de bons conseils et d’avoir la meilleure formation possible pour aider les autres.
Comment percevez-vous l’évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?
Les représentants du personnel ont une charge de travail très importante, ce qui les empêche parfois de prendre le temps de se former. Or ils ont besoin d’une vision élargie de leurs dossiers en CSE. En effet, les décisions prises peuvent avoir des conséquences à long terme et il faut se former pour bien les saisir.
Cette charge de travail énorme, qui pèse sur les élus, explique un désinvestissement et un manque de candidats.
Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte de l’émergence de collectifs non syndiqués ?
Ces collectifs n’ont pas le même poids dans la négociation face à la direction qui ne les légitime pas. Cependant, même si ces personnes sont sans étiquette, cela ne signifie que je ne les aide pas. Nous sommes réunis dans la défense des salariés. Et c’est ce qui m’importe.