Déborah Schorr (FO) : « Le maintien de l’emploi des salariés, une de mes préoccupations constantes »
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Déléguée syndicale à PSA à Mulhouse, Déborah Schorr trouve dans l’engagement une manière de répondre aux besoins actuels des salariés, comme le maintien dans l’emploi et l’augmentation du pouvoir d’achat.
Elle revient sur son parcours syndical à FO, les origines de son engagement et sur les responsabilités qui lui incombent.
Quel est votre parcours ?
J’ai été embauchée à PSA en 2003 en tant que formatrice.
Mon premier mandat syndical était à la commission égalité professionnelle femmes/hommes en 2004.
En 2005, j’ai eu mon premier mandat au CE.
Depuis 2015, je suis secrétaire déléguée syndicale de PSA à Mulhouse.
Quel est le moteur de votre engagement ?
Une expérience malheureuse a constitué le déclic de mon engagement, je voyais concrètement l’utilité du syndicalisme
Ma famille étant syndiquée à FO, j’ai baigné dans un environnement militant.
J’ai intégré l’industrie automobile après une mauvaise expérience professionnelle, lors de mon apprentissage effectué dans une entreprise qui a fait faillite. Je me suis ainsi retrouvée dos au mur mais FO m’a accompagnée tout au long du processus judiciaire aux prud’hommes. Cette expérience malheureuse a constitué le déclic de mon engagement dans le sens où je voyais concrètement l’utilité du syndicalisme.
Quels sont les moments marquants de votre parcours ?
Garantir l’emploi des salariés dans la durée, c’est le plus important et c’est également ce qui m’anime au quotidien
Lors du premier accord de compétitivité à PSA, négocié en 2013 pour sauver le groupe car nous étions au bord de la faillite, il a fallu rogner sur des avantages acquis des années précédentes. Les négociations avec la direction étaient difficiles car nous demandions des garanties sur l’emploi.
Il fallait en même temps rassurer les salariés sur l’objet de nos négociations qui était de garantir leur emploi dans la durée. C’est le plus important et c’est également ce qui m’anime au quotidien. Ainsi, nous avons fait du bon travail sur le sujet, avec un plan de départs volontaires et des primes négociées et nous avons pu sauver le groupe. Il fallait s’adapter aux limites des salariés et de la direction. C’était une période intense et forte.
Par ailleurs, lorsque j’ai commencé à militer, j’étais une femme d’une vingtaine d’années. Lorsque j’ai pris la tête du syndicat, j’avais 33 ans. Le milieu automobile est masculin et il n’est pas facile de s’y imposer en tant que jeune femme. C’est une expérience enrichissante qui apprend à se faire respecter.
Quels principes appliquez-vous pour mener une négociation ?
Le principe à retenir avant une négociation consiste à me demander ce que je peux apporter en plus aux salariés
Notre vision syndicale étant globale et réformiste, notre position est fondamentalement complexe. Le principe à retenir avant une négociation consiste à me demander ce que je peux apporter de plus aux salariés. Les 3 lignes directrices au cœur d’une négociation sont :
- Le maintien de l’emploi ;
- Les conditions de travail ;
- Le pouvoir d’achat.
Que conseilleriez-vous à une personne sur le point de s’engager ?
L’engagement syndical est un choix qui doit être bien réfléchi, qui demande de la rigueur et de l’organisation
Il faut d’abord se reconnaître dans les principes de base du syndicat que l’on veut représenter et ne pas s’engager sur un coup de tête, à cause d’une dispute avec son chef, par exemple. Un engagement requiert une grande capacité de travail aussi. C’est donc un choix qui doit être bien réfléchi, qui demande de la rigueur et de l’organisation. Lorsqu’on a une vie de famille, il vaut mieux se mettre d’accord avec son ou sa conjoint(e) sur ces points.
C’est pourquoi, à une personne désireuse de s’engager, je lui fais passer un entretien et lui laisse une semaine de réflexion.
Quelles revendications portez-vous actuellement ?
Nous travaillons sur de nombreux sujets mais les plus importants, qui collent à l’actualité, sont les suivants :
- L’amélioration des conditions de travail ;
- L’accord intéressement et participation ;
- Les salaires ;
- Le recrutement en CDI.
Comment percevez-vous l’évolution des IRP, depuis le début de votre parcours ?
La limite du nombre de mandats est dommage et pourrait même tuer le syndicalisme
Des problèmes concernent la mise en place des CSE. Nous devons respecter le principe d’égalité entre les femmes et les hommes sur les listes électorales. Si l’égalité professionnelle est très importante, il est regrettable de procéder de cette manière, d’imposer des quotas de femmes pour les aider à accéder à des postes à responsabilités.
Cette règle laisse de côté des hommes qui seraient bien plus compétents que certaines femmes. Cela ne fait pas honneur au travail effectué par les femmes, qui devraient accéder aux mandats plus naturellement et être jugées sur leurs compétences uniquement.
Par ailleurs, la limite du nombre de mandats est dommage et pourrait même tuer le syndicalisme : les personnes qui s’engagent le font dans la durée. Cette règle doit changer.