Dialogue social

Valérie Vovk CFE-CGC RATP « la défense des salariés apporte du sens à mon travail »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Syndicaliste CFE-CGC à la RATP depuis 2018, Valérie Vovk a le goût pour l’action syndicale, avec des valeurs de solidarité et d’accompagnement. Juriste spécialisée en droit social, elle évoque son parcours syndical et fait part de ses réflexions sur le sens de son engagement.

Valérie Vovk, CFE-CGC RATP - © D.R.
Valérie Vovk, CFE-CGC RATP - © D.R.

Quel est votre parcours ?

Je suis juriste de formation en droit social et j’ai commencé à travailler à la RATP en 2000. Jusqu’en 2018, j’étais en charge de la défense des intérêts de l’entreprise et à ce titre, je défendais l’employeur, dans le cadre de contentieux individuels comme collectifs. J’assurais également la formation des membres de l’encadrement.

  • Au début des années 2010, j’étais déléguée du personnel ;
  • En 2016, j’ai été élue titulaire au comité d’établissement ;
  • Depuis 2018, je suis déléguée syndical conventionnel pour le département juridique ;
  • Je suis détachée au sein de la CFE-CGC du groupe RATP depuis janvier 2018 en tant que juriste en droit social. Je m’occupe des négociations d’entreprise, de l’assistance de salariés dans des problématiques individuelles, des élus et des adhérents ;
  • Depuis novembre 2019, je suis également conseiller prud’homal au sein de la section encadrement et conseiller prud’homal référiste à Nanterre. Je préside certaines audiences.

Comment est née votre fibre syndicale ?

J’ai constaté que les membres de l’encadrement étaient les grands oubliés des organisations syndicales

En tant que juriste en droit social, j’étais très sollicitée par les salariés. Je désirais trouver une manière officielle de pouvoir interpeller l’entreprise sur des réclamations particulières. Cela me permettait de faire un premier pas dans le syndicalisme.

Progressivement, j’ai constaté que les membres de l’encadrement étaient les grands oubliés des organisations syndicales (à part de la CFE-CGC), alors qu’eux aussi avaient des problématiques particulières. On leur demande beaucoup, sans faire trop attention à ce qu’ils peuvent subir. Cela m’a particulièrement interrogé dès le début de ma vie active.

Quel était votre objectif en vous engageant ?

Passer du côté de la défense des salariés m’a apporté beaucoup plus de satisfaction et de sens dans mon travail

Il s’agissait de conseiller juridiquement et d’accompagner les salariés pour qu’ils se sentent épaulés. Parfois, par méconnaissance du droit, on peut se laisser piéger ou se retrouver dans une situation délicate. Au sein de la CFE-CGC groupe RATP, comme j’avais constaté qu’il n’y avait pas de juriste en droit social, j’ai pensé pouvoir me rendre utile en ce sens. Je leur ai donc proposé mes compétences.

Comme je défendais les intérêts de l’employeur, je savais comment appréhender les sujets et parler le même langage. Passer du côté de la défense des salariés m’a apporté beaucoup plus de satisfaction et de sens dans mon travail. Faire avancer un dossier et aider les salariés est très gratifiant, même si cela demande une grande implication.

Pourquoi avoir choisi la CFE-CGC ?

La CFE-CGC a la volonté de toujours dialoguer, d’être force de proposition, sans fermer la porte. Malheureusement, le travail syndical s’avère beaucoup plus compliqué ces dernières années à la RATP, dans un contexte où l’Etat et l’entreprise passent leurs projets en force. 

En effet, une transformation organisationnelle de la RATP est en train de s’opérer : le réseau des autobus sera ouvert à la concurrence au 1er janvier 2025. La RATP se rapproche du modèle de l’entreprise privée, avec une holding de tête et des filiales variées. 

Quels sont les moments les plus marquants de votre parcours ?

Autant que faire se peut, nous essayons de limiter la dégradation de la situation des salariés dans l’entreprise

Ce sont les moments où un salarié en situation de mal-être nous a sollicités. A force d’échanges, nous avions trouvé des solutions. Quelques années après, cette personne nous a rappelés pour s’investir à son tour dans la défense des salariés et s’engager dans le syndicalisme.

Ce sont des moments où je me sens utile. Autant que faire se peut, nous essayons de limiter la dégradation de la situation des salariés dans l’entreprise, lorsque la direction cherche à niveler leurs droits par le bas.

Quels sont vos principes pour mener à bien vos négociations ?

Dans une négociation, il convient d’examiner les sujets bien en amont et ce afin d’avoir une vision la plus complète du sujet

Il convient d’examiner les sujets bien en amont et ce afin d’avoir une vision la plus complète du sujet.  A l’heure où des réorganisations se mettent en place, les sessions de négociation sont extrêmement nombreuses et les dossiers se multiplient. Dans ce cadre, il est difficile de trouver le temps de tout maîtriser. 

Pour essayer de trouver des lignes communes de négociation, je conseille d’échanger avec les autres organisations syndicales.

Que conseilleriez-vous à une personne qui souhaite s’engager dans le syndicalisme ?

Il faut savoir s’impliquer dans un collectif, être dans l’écoute, l’empathie, en conclusion des qualités humaines très importantes. Si c’est le cas, c’est un travail rêvé, une excellente manière de se sentir utile.

Pour aider les autres, il faut être soi-même, positif, savoir se préserver émotionnellement et disposer d’une grande force de travail. C’est ainsi que le collectif parvient à avancer.

Comment percevez-vous l’évolution des IRP ?

La perte des délégués du personnel a induit un faible rapport de proximité sur le terrain avec les salariés

La pire des évolutions que j’observe est celle des ordonnances de 2017, qui ont été particulièrement néfastes aux négociations et dans la prévention des risques psychosociaux. Le gouvernement a voulu professionnaliser les élus, ce qui était une idée louable. Cependant, le nombre d’élus a fortement diminué et on leur demande de faire plus avec moins de moyens.

En ce sens, la disparition de l’instance CHSCT est une perte manifeste pour les salariés et ce même si une commission SSCT a été créée à la place de l’instance précédemment citée. Enfin, la perte des délégués du personnel a induit un faible rapport de proximité sur le terrain avec les salariés. C’est un véritable bouleversement pour le collectif de l’entreprise.

Du côté des prud’hommes, le nombre de requêtes a beaucoup diminué. Par le biais des ordonnances, l’employeur a pu budgéter les risques, ce qui restreint le pouvoir du juge mais aussi le droit des salariés.