Déconnexion des livreurs Uber Eats : « Il est urgent d’agir » (Fabian Tosolini, Union Indépendants)
Par Agnès Redon | Le | Réclamations
« En quelques semaines, la société Uber Eats a déconnecté plus de 3 000 livreurs à vélo sans préavis ni aucune explication préalable. C’est un scandale à bas bruit », a dénoncé la CFDT dans un communiqué signé avec Union-Indépendants le 7 septembre 2022.
Environ 500 livreurs africains de la plateforme, dont de nombreux sans-papiers, ont protesté le 12 septembre 2022 à Paris devant le siège français d’Uber.
Fabian Tosolini, chargé de mission de Union Indépendants, fait le point sur la situation des livreurs à vélo Uber Eats récemment déconnectés.
Quel est le contexte de la déconnexion des livreurs à vélo ?
Uber Eats n’a pas informé officiellement les organisations syndicales et a profité de cette situation
Les élections des représentants des livreurs à vélo et des VTC ont eu lieu le 16 mai 2022. Le même jour, le syndicat CNT Solidarité Ouvrière a contesté la légitimité de ces élections. Selon nos estimations, plus de 3 000 livreurs à vélo ont été déconnectés. Ainsi, à cause de ce contentieux porté par CNT Solidarité Ouvrière, la représentativité des livreurs à vélo n’a été proclamée que fin juillet 2022.
Uber Eats n’a pas informé officiellement les organisations syndicales et a profité de cette situation.
Comment Uber Eats explique ces déconnexions ?
Uber Eats compte 2 500 déconnexions et les justifie par la lutte contre la sous-location de comptes. Il faut savoir que nombreux sont les livreurs déconnectés à être arrivés en France en 2019 ou en 2020. Ils ont exercé leur activité pendant toute la période de confinement et nous avions besoin d’eux pour soutenir le secteur de la restauration.
Du jour au lendemain, beaucoup d’entre eux se retrouvent brutalement sans travail et sans avoir été préalablement informés. Uber Eats estime qu’ils pouvaient trouver cette information dans un livre blanc, où un renforcement de la sécurité était annoncé, mais considérant que de nombreux livreurs ne sont pas francophones, l’information était difficilement accessible.
Que demande Union-Indépendants pour ces livreurs ?
La CFDT et Union-Indépendants demandent un réexamen de leur situation en considérant que l’activité exercée sous statut indépendant, comme pour les salariés, doit conduire aux mêmes droits
Nous dénonçons la précarisation des livreurs sans papiers. Ces travailleurs exercent leur métier dans un cadre si précaire qu’il ne leur offre aucune protection en cas d’accident du travail et aucun moyen de contester les décisions de leur donneur d’ordre.
Pour les travailleurs sans papiers qui n’ont d’autre choix que de travailler sous alias pour survivre, la CFDT et Union-Indépendants demandent un réexamen de leur situation en considérant que l’activité exercée sous statut indépendant, comme pour les salariés, doit conduire aux mêmes droits.
Cette activité leur était autorisée en 2019 et en 2020. Mais en tant qu’indépendant, ils ne peuvent pas faire une demande de titre de séjour en France, alors qu’ils payent leurs cotisations Ursaaf, leurs impôts et qu’ils sont intégrés à la société. Comme il s’agit également d’un sujet social important, nous avons interpellé l’Etat.
Avez-vous saisi l’ARPE ?
Oui. La CFDT et Union-Indépendants exigent de l’Etat et de l’ARPE une réunion d’urgence pour traiter de cette question. Il y a de nombreux points à éclaircir. Par ailleurs, nous devons urgemment trouver une solution pour que cela ne se produise plus jamais.
Nous avons envoyé cette demande lundi 5 septembre 2022.