Dialogue social

Dissolution de l’Assemblée : « Pour un sursaut démocratique et social » (intersyndicale)

Le | Syndicats

« En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale et d’organiser des élections législatives en trois semaines, après les premiers départs en vacances et à la veille des Jeux olympiques, le président de la République prend une lourde responsabilité. Il faut un sursaut démocratique et social. À défaut, l’extrême droite arrivera au pouvoir », ont déclaré dans un communiqué intersyndical, publié le 10 juin 2024, la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires.

Dissolution de l’Assemblée : appel à un sursaut démocratique et social de l’intersyndicale - © D.R.
Dissolution de l’Assemblée : appel à un sursaut démocratique et social de l’intersyndicale - © D.R.

Cette rencontre était prévue de longue date par les organisations syndicales sur le thème de la réforme de l’assurance chômage. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République est intervenue le 09 juin 2024 dans la soirée, à l’issue du scrutin qui a porté, loin devant la candidate du parti présidentiel, le candidat du parti Rassemblement national, Jordan Bardella.

« Dans l’immédiat », les cinq organisations appellent Emmanuel Macron à interrompre les réformes engagées, « étant donné qu’il n’y a plus aucun contrôle démocratique ».

« Le Gouvernement doit, en particulier, immédiatement renoncer à sa réforme de l’assurance chômage », qui doit faire l’objet d’un décret à paraître avant le 30 juin 2024, date butoir d’application de la convention en cours.

Elles appellent également « à manifester le plus largement possible pour porter la nécessité d’alternatives de progrès pour le monde du travail ».

Les revendications communes de la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires

  • Augmenter les salaires et les pensions ;

  • Revenir sur la réforme des retraites et sur celle de l’assurance chômage ;

  • Défendre les services publics et en garantir l’accès à toutes et tous, sans condition de nationalité et sur tout le territoire ;

  • Mettre fin à la verticalité du pouvoir en commençant par restaurer la démocratie sociale à tous les niveaux, entreprise, branche, territoire et interprofessionnel ;

  • Mettre en place des mesures de justice fiscale, et notamment taxer les super profits, dividendes et rachats d’actions ;

  • Instaurer enfin l’égalité salariale et éradiquer les violences sexistes et sexuelles ;

  • Instaurer le droit à la régularisation pour tous les travailleurs étrangers sur la base d’un certificat de travail ;

  • Relocaliser et transformer l’industrie française pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux, en la protégeant du dumping social, fiscal et environnemental ;

  • Créer de nouveaux droits pour permettre aux travailleurs d’anticiper les transformations environnementales et de sécuriser leur emploi.

Les déclarations syndicales après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale

FO : « Force ouvrière a pris acte de la dissolution de l’Assemblée nationale, qui constitue un aveu d'échec des politiques menées doublé d’un déni de démocratie sociale. Depuis sa création, FO s’est construite sur l’indépendance, le rejet de toute emprise et instrumentalisation politiques. Le bureau confédéral de FO réaffirme son opposition à toute forme de racisme et de rejet de l’autre, ainsi que son attachement fondamental aux valeurs républicaines de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. FO restera sur le terrain syndical pour porter ses revendications en toute indépendance et défendre les intérêts des salariés. »

CFE-CGC : « En décidant de dissoudre l’Assemblée au soir de l’élection du Parlement européen, le président de la République a pris une énorme responsabilité. L’ambiguïté de ses motivations nous impose de rappeler le contexte social qu’il a contribué à créer, en déployant une politique d’appauvrissement du travail et des régimes gérés par les partenaires sociaux. Ainsi, la réforme des retraites imposée par une violence institutionnelle sans précédent. Ou encore la réforme prévue de la fonction publique, machine à broyer les agents pour affaiblir encore plus les services publics et appauvrir les Français qui en sont bénéficiaires. De même que la réforme annoncée de l’assurance chômage, authentique agression contre les salariés et leur droit à s’assurer des garanties de ressources face à l’épreuve du chômage.

À présent que le mal est fait, la CFE-CGC appelle les futurs candidats aux élections législatives, et les partis qui les regroupent, à cette nécessaire clarification sur leurs intentions. La CFE-CGC appelle l’ensemble des Français à la vigilance et au discernement nécessaires, à imposer, par leur vote, une restauration des équilibres entre le pouvoir politique et les corps intermédiaires. »

CFDT : « En annonçant, de façon totalement précipitée et dangereuse, la dissolution de l’Assemblée nationale, le président de la République transforme le scrutin européen en rendez-vous hexagonal. La CFDT le déplore. Comme elle l’a toujours fait, elle mobilisera toutes ses forces pour que l’extrême droite n’accède pas au pouvoir. La CFDT agira en responsabilité. »

CGT : « L’extrême droite est en situation d’accéder au pouvoir pour la première fois de l’histoire de notre République - à l’exception de la période du régime de Vichy. Elle pourrait ainsi disposer des très larges pouvoirs que confère la Constitution de la 5e République et s’en servir pour remettre en cause tous les garde-fous démocratiques : les médias, la justice, les organisations syndicales et la société civile et, ainsi, préparer son arrivée à l’Élysée en 2027.

Son projet repose toujours sur la “préférence nationale”, avec des travailleuses et des travailleurs qui n’auraient plus les mêmes droits, en fonction de leur nationalité voire de leur origine. Pour le monde du travail, les changements de pieds incessants du RN démontrent son imposture sociale. Jamais il n’affrontera le patronat, jamais il n’abrogera la réforme des retraites. Il a toujours refusé d’augmenter les salaires et les cotisations sociales. Cette élection a aussi un impact mondial : la France est la 7e puissance mondiale, membre du conseil de sécurité de l’ONU, membre fondateur de l’Union européenne. L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, en France, aurait donc un impact sur les autres travailleurs et travailleuses du monde. Notre République et notre démocratie sont en danger. Les droits sociaux et les libertés syndicales sont menacés.

Au vu de la gravité de la situation, le CCN considère que la CGT doit prendre ses responsabilités. Le CCN considère que le programme du Nouveau Front populaire est celui qui répond le mieux aux attentes et aspirations des travailleuses et des travailleurs et qui ouvre le plus de possibilités de mobilisations gagnantes.

La CGT appelle les salariés, retraités et privés d’emploi à aller voter le plus nombreux et nombreuses possible les 30 juin et 7 juillet pour le programme du Nouveau Front populaire. La CGT mettra tout en œuvre pour faire barrage à l’extrême droite. »

Concepts clés et définitions : #Syndicat