Dialogue social

Philippe Bordas (CFE-CGC) : « Il faut préserver les intérêts communs aux salariés et à l’entreprise »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Coordonnateur syndical CFE-CGC de Groupe Schneider Electric France, Philippe Bordas considère l’engagement syndical comme un don de soi. Il revient sur son parcours syndical qui a débuté en 2006 et livre ses réflexions sur l’importance de la formation des élus.

Interview CSE Matin de Philippe Bordas, Coordonnateur de Groupe Schneider Electric France - © Rev’Agence
Interview CSE Matin de Philippe Bordas, Coordonnateur de Groupe Schneider Electric France - © Rev’Agence

Quel est votre parcours syndical ?

  • Je me suis engagé syndicalement en 2006 et j’ai été élu au CE en 2008.
  • En 2012, j’ai été élu en CE Central, puis CSE central en 2018.
  • En 2011, je suis devenu représentant des salariés au conseil d’administration de Schneider Electric France.
  • A partir de 2009, je suis devenu négociateur en NAO et différentes GPEC/GEPP.

J’ai été coordonnateur adjoint pendant trois ans et, depuis 2020, je suis coordonnateur de Groupe Schneider Electric.

Qu’est-ce qui a constitué le moteur de votre engagement ?

J’ai toujours eu la volonté et le désir de rester proche du terrain.

En tant que simple salarié de la force commerciale, je sentais des dysfonctionnements et des règles opaques sur les activités sociales et culturelles de mon établissement. C’est ce qui m’a donné l’envie de m’engager.

Comme je suis profondément attaché à l’équité, à la transparence et à la simplification des process, j’ai œuvré pour la modification drastique des règlements intérieurs au CE de mon établissement et des différentes commissions.

En tant qu’élu en CSE Central, j’ai participé aux premières négociations salariales et aux nouveaux accords, ce qui m’a donné le sentiment d’apporter de la valeur à mes collègues.

Mon expérience professionnelle est riche d’un parcours très varié, tant à l’usine, en fonction R&D et commerciale. Je pense que la bonne connaissance de tous les secteurs d’une entreprise mondialisée avec une organisation matricielle complexe a conduit à ma désignation comme coordonnateur.

J’ai toujours eu la volonté et le désir de rester proche du terrain. Contrairement à tous les autres coordonnateurs des autres organisations syndicales, j’ai conservé mon métier de commercial que j’exerce à temps partiel. Ainsi je suis au contact du terrain, de ce que vivent mes collègues, mes clients, mon entreprise, ce qui est essentiel pour moi.

Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à la CFE-CGC ?

La CFE-CGC affichait la plus petite représentativité mais défendre une population ATAM et Cadres dans une entreprise où elle est représentée à plus de 60 % me semblait logique. Par ailleurs, les aspects apolitiques et laïcs m’ont également rassuré.

Lorsque j’ai démarré mon engagement syndical, mes mentors de l’époque n’ont pas hésité à me mettre en position d’action et j’ai pu bénéficier de formations de qualité. Je considère que le soutien des aînés a été une réelle chance pour moi.  

Quel est le moment marquant de votre parcours ?

J’ai eu des moments de doute que j’ai combattus par une grande intensité de travail.

Ma prise de fonction comme coordonnateur en plein Covid, alors que nous devions préparer un cycle électoral déterminant pour notre représentativité, constitue un moment marquant de mon parcours.

J’ai eu des moments de doute que j’ai combattus par une grande intensité de travail. Mon objectif - faire grandir notre organisation - était ambitieux mais la mobilisation de nos équipes m’a enthousiasmé.

Finalement, les résultats ont été très bons, puisque nous nous sommes hissés en troisième position parmi les organisation syndicales, avec 4 points de représentativité pris aux autres, ce qui a renforcé notre motivation.  

Quels sont vos sujets actuels de revendication ?

Nous sommes attachés à faire évoluer un système parfois opaque, rigide et peu ambitieux.

Sans surprise, le sujet actuel est celui du partage de la valeur et les retraites.

  • Sur le premier nous sommes attachés à faire évoluer un système parfois opaque, rigide et peu ambitieux. Pour obtenir une meilleure reconnaissance du travail, c’est à nous de faire prendre un virage à l’entreprise.
  • Sur le second thème, nous suivons les directives nationales.

Nous sommes également confrontés au déploiement de la nouvelle convention collective de la métallurgie, pour une mise en application au 1er janvier 2024.

C’est un autre enjeu de taille où l’accompagnement des salariés pourra faire l’objet d’une reconnaissance de notre structure, notamment chez les ATAM et Cadres très concernés par les évolutions de classification et de reconnaissance des emplois qu’ils occupent. 

De quelle manière menez-vous des négociations ?

Les autres syndicats s’appuient sur une culture syndicale teintée de lutte ouvrière.

Cela peut sembler paradoxal : bien que progressistes, nous ne sommes pas les moins revendicatifs. Bien au contraire. Nous ne donnons pas notre signature facilement. Il doit exister de réelles avancées perceptibles par notre population car nous sommes catégoriels.

Nous sommes souvent en décalage avec les autres syndicats qui s’appuient sur une culture syndicale teintée de lutte ouvrière. A l’inverse, nous souhaitons toujours préserver les intérêts communs à tous les salariés et à l’entreprise.

Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?

Dans une entreprise où il existe un vrai dialogue social avec des accords protecteurs pour ceux qui s’investissent, il est évidemment plus simple de s’engager. Nous avons cette chance chez Schneider Electric.

Le syndicalisme est une forme de don de soi pour les autres afin :

  • D’obtenir des avancées sociales ;
  • De participer à un projet de vivre ensemble dans le cadre des œuvres sociales ;
  • D’accompagner les autres quand cela est rendu nécessaire lors de réorganisations ou de fermetures de site.

Toutes les bonnes volontés sont à prendre et chacun, par sa différence, a quelque chose d’original à apporter.   

Comment percevez-vous l’évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?

Avec les ordonnances Macron, il y a eu une professionnalisation des élus, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela oblige à :

  • Plus de formation ;
  • Plus d’actions structurées ;
  • Une meilleure communication entre la direction et les organisations syndicales représentatives.

L’actualité sociale est dense depuis quelques années et il y a eu une accélération du nombre de négociations. Cela pose parfois des difficultés d’organisation mais nous nous adaptons en choisissant nos priorités et nos combats.      

Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte du mouvement des contrôleurs SNCF et de l’émergence de collectifs non-syndiqués ?

Cela pose la question du débordement et de la perte de reconnaissance des corps intermédiaires dans la société. Aucun parti politique ne peut revendiquer autant de membres que les organisations syndicales, et pourtant personne ne les dénigre. A l’inverse, les syndicats sont bien trop dénigrés. 

Concepts clés et définitions : #NAO ou négociation annuelle obligatoire , #Syndicat