Transition écologique : la CFDT dévoile son manifeste et ses revendications
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Le bureau national CFDT a adopté un manifeste, présenté en conférence de presse le 7 décembre 2023, sur la « transition écologique juste » qui détaille les revendications et les leviers syndicaux.
« Les travailleurs et les représentants doivent être associés »
« Dans les enjeux écologiques, l’action syndicale est incontournable », estime Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
- « Ce changement climatique a un impact considérable sur le travail. Nous l’avons vu cet été 2023 pour les travailleurs en grande difficulté et qui ont dû faire face à la canicule, notamment dans les secteurs agricoles ou du bâtiment.
- Notre objectif de transformation écologique ne sera fait pas ni sans les travailleurs, ni contre eux. C’est l’ambition de la CFDT depuis que notre organisation existe », explique-t-elle.
Selon Marylise Léon, « le manifeste adopté par la CFDT expose notre vision de la transition juste et les transformations à accélérer, en articulant enjeux sociaux, environnementaux et économiques ».
- « Il associe les travailleurs et leur expertise, car à tous les niveaux, les travailleurs et leurs représentants doivent être associés à la co-construction de la mise en œuvre concrète des transformations écologiques.
- Un véritable dialogue stratégique - social, écologique, économique - doit s’engager dans chaque territoire, filière, branche, entreprise, administration.
- Il est nécessaire pour cela de s’appuyer sur le dialogue social. C’est ce que porte l’Accord national interprofessionnel(ANI) sur la transition écologique et le dialogue social. »
Transition écologique : les 14 revendications de la CFDT
Voici les revendications de la CFDT issues du manifeste « pour la transition écologique juste » :
- Garantir les conditions de la démocratie et du dialogue social, les impératifs pour une transition juste et des transformations écologiques effectives.
- Répartir équitablement les indispensables efforts de financement et mieux répartir les richesses.
- Anticiper et mettre en œuvre des transformations structurelles, et non seulement des mesures de court terme, afin de réduire le coût collectif global des transformations ;
- Construire un véritable plan industriel de la transition écologique juste. C’est la condition des transformations écologiques autant que de notre autonomie stratégique. Il s’agit d’articuler réindustrialisation, transformation écologique et réponse aux besoins essentiels ;
- S’appuyer sur une transition énergétique juste. La réduction de nos consommations doit être le premier levier, avant l’efficacité énergétique et la décarbonation. La transition énergétique juste exige de garantir une énergie accessible (service public, raccordement), disponible (sans coupures ou intermittence), abordable (lutte contre la précarité énergétique) et fournie sans discrimination (pour les populations et les territoires) ;
- Prioriser démocratiquement l’allocation des ressources énergétiques entre les différents usages (alimentation, chauffage, transport, industrie, services publics et au public), nécessite de planifier des trajectoires opérationnelles contraignantes et négociées avec les parties prenantes pour accompagner la transformation des usages ;
- S’assurer de l’anticipation et de l’accompagnement de la transformation des usages autour de la sobriété - 1er pilier de la transition écologique - tout en veillant à lutter contre les inégalités.
- Cela implique notamment de supprimer le reste à charge pour les ménages modestes et de lever les difficultés de trésorerie des ménages moyens en matière de rénovation énergétique des logements et d’accès à un mode de transport moins carboné ;
- Faire reconnaître le rôle accélérateur des travailleurs, et l’impératif de la qualité de l’emploi et du travail, et garantir le cadre qui sécurise les parcours professionnels en amont des transformations ;
- Prendre en compte l’ensemble des sous-traitants et des fournisseurs dans les transformations à opérer, en particulier pour les secteurs qui vont décroître (aéronautique, aérien, automobile, ciment, béton, etc.) ou disparaître (énergies fossiles) ;
- S’appuyer sur l’ensemble des secteurs d’activité afin de multiplier les opportunités de développement et de reconversion, en particulier sur le bassin d’emploi. En effet, tous les secteurs, même moins émetteurs, doivent se transformer : culture et loisirs, tourisme, commerce et distribution, assurances, santé, éducation et formation, etc.
- Garantir l’émergence de chaines de valeur responsables, à la fois socialement et environnementalement, et territorialisées en s’appuyant sur la conditionnalité des aides publiques et en organisant un contrôle social de leur usage en s’appuyant sur les représentants des salariés. Il importe également de garantir une commande publique responsable pour transformer les chaines de valeur ;
- Systématiser la démarche d’achats responsables des entrepriseset de déployer une régulation des activités économiques sur l’ensemble du cycle de vie des produits ;
- S’assurer de la cohérence des actions menées au regard de l’ensemble des objectifs environnementaux (eau, biodiversité, climat), en particulier en matière de planification territoriale ;
- Renforcer la responsabilité des entreprises et des administrations sur les enjeux des risques climatiques et environnementaux, en particulier en matière de biodiversité et eau.
- La préservation et la régénération de la biodiversité et des ressources naturelles doivent être systématiquement intégrées dans le fonctionnement et la stratégie des entreprises et des administrations : approvisionnement, procédés de production, consommation de matières et de ressources, d’énergie, mobilité, restauration collective, gestion des déchets, usages du numérique, fonciers, organisation du travail, etc.