Dialogue social

« Un accord sur l’emploi des seniors, la priorité absolue » Frédéric Souillot (FO)

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

« Pour la cohésion sociale de la République, il est problématique que 50 % des personnes qui liquident leur retraite à 62 ans n’aient plus d’emploi », déclare Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière.
Pour lui, ce sujet est au cœur de la négociation nationale interprofessionnelle sur l’assurance chômage et l’emploi des seniors, qui a démarré le 22 octobre 2024 entre les partenaires sociaux gestionnaires de l’Unédic (Medef, CPME, U2P, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO).
Lors du meeting organisé à la Maison de la mutualité à Paris, le 26 octobre 2024, il a par ailleurs réaffirmé que la retraite à 64 ans, « c’est toujours non ».

Pour le secrétaire général de Force ouvrière, la retraite à 64 ans, « c’est toujours non » - © FO
Pour le secrétaire général de Force ouvrière, la retraite à 64 ans, « c’est toujours non » - © FO

Des délégations de Force ouvrière se sont retrouvées à Paris le 26 octobre 2024. Quel était l’objet de la mobilisation ?

Il est indispensable de dépasser les préjugés des employeurs sur les travailleurs âgés

Lors de ce meeting, nous avons porté nos revendications en particulier sur l’abrogation de la réforme des retraites. 64 ans, c’est toujours non. Comme notre priorité est l’emploi des seniors et la retraite progressive à 60 ans, nous avons démarré la négociation nationale interprofessionnelle le 22 octobre 2024. La France est le pays ayant le plus bas taux d’emploi des seniors de l’OCDE.

Cela progresse lentement, mais cela progresse tout de même, car nous avons fait de cette question du maintien des seniors en emploi une priorité. Pour cela, il est indispensable de :

  • dépasser les préjugés des employeurs sur les travailleurs âgés ;
  • garantir un véritable emploi du début de la vie active jusqu’à la retraite, et d’accompagner, voire d’aménager les fins de carrière pour améliorer les conditions de travail.

Quelles sont vos attentes pour la négociation nationale interprofessionnelle en cours ?

Nous voulons la retraite progressive dès 60 ans

La négociation se passe bien : cette fois-ci, nous ne négocions qu’à deux (syndicats et patronat), sans l’exécutif qui nous a redonné la main. Nous attendons de trouver un accord sur l’emploi des seniors, qui est la priorité absolue. Pour la cohésion sociale de la République, il est en effet problématique que 50 % des personnes qui liquident leur retraite à 62 ans n’aient plus d’emploi. Nous parlerons également :

  • des entretiens de mi-carrière ;
  • des reconversions, notamment dans l’industrie automobile ;
  • des métiers pénibles. Le patronat ne veut plus utiliser le terme de « pénibilité », mais nous trouverons la sémantique qui conviendra.

Nous voulons la retraite progressive dès 60 ans et nous voulons qu’elle devienne opposable, c’est-à-dire que l’employeur ne puisse pas la refuser à un salarié qui en ferait la demande. C’est tout l’objet de la discussion.

Sur l’assurance chômage, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a envoyé une lettre d’orientation aux partenaires sociaux les invitant à ouvrir un cycle de discussions. Il ne s’agit pas d’une lettre de cadrage. Nous avions trouvé un accord l’année dernière sur l’assurance chômage signé par l’ensemble du patronat (Medef, CPME et U2P) et par trois syndicats (CFDT, FO et CFTC). Nous ne partons donc pas de rien, bien au contraire. Nous voulons revenir sur ce que nous avons obtenu en 2023.

Concernant l’assurance-chômage, que pensez-vous des 400 millions d’euros d’économies que le Gouvernement demande aux partenaires sociaux ?

À ce jour, il est à noter que les 21 749 personnes qui ont travaillé le nombre de trimestres suffisants, selon l’Unédic, ne peuvent pas partir à la retraite car elles n’ont pas l’âge. Cela coûte 408 millions d’euros à l’assurance chômage. Les économies demandées par le Gouvernement seraient ainsi trouvées si on leur permettait de liquider leur retraite.

Quelle est votre position sur les règles d’indemnisation des transfrontaliers ?

Là encore, nous pouvons trouver au moins 400 M€ d’économies

Les dépenses d’indemnisation des travailleurs frontaliers à la charge de l’Unédic sont très supérieures aux remboursements opérés par les pays frontaliers vers le régime d’assurance chômage français. En 2023, le surcoût pour l’Unédic atteint 803 M€. La Suisse représente 72 % des dépenses d’indemnisation des allocataires frontaliers.

Sachant que la Suisse compense 200 millions d’euros à l’Unedic pour les transfrontaliers et que leur coût est de 720 millions d’euros, d’après les documents présentés par l’Unedic à l’ouverture de la négociation sur l’assurance chômage, il faut renégocier la convention internationale sur les transfrontaliers pour que l’État membre qui a perçu les cotisations soit aussi celui qui verse les allocations. Là encore, nous pouvons trouver au moins 400 millions d’euros d’économies.