Virginie Gaillard (SNB/CFE-CGC) : « L’aide aux salariés est gratifiante et me fait sentir utile »
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Secrétaire de CSE et déléguée au Syndicat national de la banque (SNB) rattaché à la CFE-CGC, Virginie Gaillard fonde son engagement syndical sur le travail collectif de négociation. Elle revient sur son parcours syndical débuté en 2011 et livre ses réflexions sur l’importance de l’accompagnement juridique des salariés.
Quel est votre parcours ?
J’ai commencé à travailler à l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) en 2001.
- En 2011, un délégué syndical CFE-CGC m’a proposé d’adhérer. J’ai été élue secrétaire du CE. Au début, je m’intéressais particulièrement aux activités sociales et culturelles.
- En 2013, je suis devenue déléguée syndicale. C’est là que j’ai été bien formée.
- En 2015 et en 2019, j’ai été réélue déléguée syndicale. J’étais favorable à la fusion des instances, qui nous faisait gagner du temps. Cependant, il a fallu me former aux sujets relatifs au CHSCT, que je ne maîtrisais pas encore, notamment sur les accidents du travail, le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) etc. Nous nous sommes alors répartis les tâches sur les 11 élus titulaires.
En 2023, je vais représenter une liste pour un quatrième mandat. Ce sera le deuxième depuis la création du CSE.
Quel est le moteur de votre engagement ?
L’aide aux salariés, c’est mon moteur. Quand ils m’appellent et que mon aide porte ses fruits, c’est gratifiant, je me sens utile et cela me motive.
Pourquoi avez-vous choisi d’adhérer à la CFE-CGC ?
Aux origines de mon engagement, mon choix s’est porté sur le Syndicat national de la banque (SNB), qui est rattaché à la CFE-CGC et qui représente le mieux nos métiers.
Comme l’Adie s’occupe du microcrédit à la création d’entreprises, et que nous sommes financés par les banques, ce choix me semblait naturel.
Quel est le moment marquant de votre parcours ?
Avant ces accords, nous n’avions rien de prévu pour ces femmes.
Un mois avant l’accouchement de mon deuxième enfant, je négociais des accords sur les conditions de travail des femmes enceintes avant et après leur congé maternité, notamment sur les temps de travail et l’heure d’allaitement rémunérés.
J’ai obtenu ce que j’ai demandé, ce qui a constitué un moment marquant de mon parcours.
Avant ces accords, nous n’avions rien de prévu pour ces femmes, et pour cause : les délégués syndicaux, le DRH et le directeur général étaient tous des hommes.
En effet, lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant, j’avais réalisé que nous n’avions que le minimum légal, à savoir l’autorisation de s’absenter pour les trois examens par trimestre de grossesse. Nous pouvions donc négocier bien davantage que le minimum prévu par le Code du travail.
Quels sont vos sujets actuels de revendication ?
nous demandions une augmentation individuelle de 6 % et nous avons 8 %.
Notre sujet actuel concerne le pouvoir d’achat, par le biais de la prime de partage de la valeur que nous souhaitons obtenir à la mi-février 2023.
En décembre 2022, nous avons obtenu la signature d’une augmentation individuelle de 8 %, dont 1000 euros collectif.
Initialement, nous demandions une augmentation individuelle de 6 %, pour limiter la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.
Nous avons obtenu plus que ce que nous revendiquions, car l’augmentation était également liée à la grille de salaires, qui avait été négociée en 2012, puis renégociée en 2020. Comme nous avions du mal à recruter, il fallait les augmenter d’autant plus.
De quelle manière menez-vous des négociations ?
Tout d’abord, je répertorie les différentes revendications des adhérents et je les compare avec celles de ma propre liste. Avec la répartition dans toute la France avec des métiers variés et des spécificités à prendre en compte (notamment sur les frais de transport), il est important que je fasse ce travail préalable.
- Une fois la liste effectuée, je la communique à tous les salariés ;
- Je présente la liste à l’employeur lors de la première réunion NAO ;
- Je fais des remontées aux salariés, tout au long des négociations, jusqu’à la signature ou non de l’accord.
Que diriez-vous à une personne souhaitant s’engager dans le syndicalisme ?
Il faut être une personne très organisée.
C’est une expérience très enrichissante sur tous les plans de la vie en entreprise :
- Le relationnel ;
- Le Code du travail ;
- Les stratégies d’entreprise ;
- Le budget ;
- La manière dont sont conçus les plans de formation etc.
Cependant, il faut être une personne très organisée, car il est facile de se laisser déborder par les différentes missions syndicales.
Comment percevez-vous l’évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?
Avec la formation, nous nous sommes largement professionnalisés.
Grâce à la formation, nous nous sommes mieux structurés. En effet, dès qu’un délégué syndical signe un accord, nous nous le partageons. Le service juridique du SNB/CFE-CGC nous aide beaucoup : nous disposons de fiches pratiques et explicatives sur le Code du travail, sur des décrets. En ce sens, nous nous sommes largement professionnalisés.
Par ailleurs, il faut savoir comment attirer des nouveaux candidats à l’engagement syndical, notamment en nous concentrant sur les thématiques qui les touchent, comme l’environnement, le télétravail etc.
Quelle est votre perception de l’avenir du syndicalisme dans le contexte du mouvement des contrôleurs SNCF et de l’émergence de collectifs non syndiqués ?
Le soutien juridique reste essentiel pour militer.
La création de collectifs est positive mais le soutien juridique reste essentiel pour militer. Compte tenu de la lourdeur juridique du Code du travail, le syndicalisme est important pour aider un salarié à s’y retrouver.
Par exemple, j’ai actuellement un salarié qui a besoin d’aide pour aller aux prud’hommes. Le fait d’être syndiqué est bénéfique dans l’accompagnement juridique du SNB/CFE-CGC.
Concepts clés et définitions : #CSSCT (ex CHSCT) ou santé et sécurité au travail, #Syndicat, #NAO ou négociation annuelle obligatoire