France Travail : « Des missions supplémentaires avec moins d’effectifs » (Natalia Jourdin, FO)
Par Agnès Redon | Le | Syndicats
Dans le cadre du PLF 2025, le Gouvernement de Michel Barnier prévoit de supprimer 500 postes chez France Travail.
Dans une interview à CSE Matin le 21 octobre 2024, Natalia Jourdin, déléguée syndicale centrale FO chez France Travail, dénonce ce projet qui, selon elle, dégradera les conditions de travail des agents.
Le projet du Gouvernement
• Dans le cadre du PLF 2025, le Gouvernement de Michel Barnier prévoit de supprimer 500 postes chez France Travail, qui bénéficiera d’une stabilisation de la subvention pour charge de service public à 1,35 Md€, et d’un accroissement de 0,16 Md€ de la contribution de l’Unédic.
• Ce projet de coupe dans les effectifs de France Travail représente moins de 1 % des effectifs de l’opérateur, qui compte 58 613 agents, d’après le bilan social de 2023.
• Dans une déclaration intersyndicale des élus et représentants syndicaux CFDT, CGT, FO, FSU, SNAP, STC au CSEC du 09 octobre 2024, les syndicats s’opposent à cette mesure qu’ils jugent « inacceptable ».
Comment réagissez-vous au projet de suppression de 500 postes chez France Travail ?
Nous sommes à l’aube d’un déploiement majeur de la loi pour le plein emploi
Il faudra que nous arrivions à convaincre les parlementaires et les membres du Gouvernement de ne pas supprimer ces postes. Nous sommes à l’aube d’un déploiement majeur de la loi pour le plein emploi du 18 décembre 2023, qui vise à réduire le taux de chômage autour de 5 % d’ici à 2027. Les principales mesures de la loi sont la création de France Travail et du réseau pour l’emploi. FO s’est opposée à cette loi, car nous continuons à dire qu’elle est inutile, inopportune et coûteuse. Avec des effectifs en moins, il est ainsi demandé aux conseillers de France Travail d’assumer des missions supplémentaires, telles que la mise en œuvre :
- du compte du réseau pour l’emploi du SI plateforme (le service numérique commun) ;
- du compte du réseau pour l’emploi de l’Académie France Travail ;
- du contrat d’engagement ;
- de la fonction d’appui au comité national pour l’emploi et aux comités territoriaux.
Vous attendiez-vous à cette réduction d’effectif ?
Clairement non. Nous n’avons aucune information sur la nature des postes qui seraient supprimés, mais je le rappelle, il ne s’agit que d’un projet. Dans le rapport de préfiguration de France Travail, paru le 19 avril 2023 et rédigé par Thibaut Guilluy, qui est aujourd’hui le directeur général de l’opérateur, il était clairement indiqué qu’il fallait des moyens et des effectifs supplémentaires. C’est un paradoxe total avec ce projet de suppression de postes.
Comment anticipez-vous le flux supplémentaire de nouveaux demandeurs d’emploi en 2025 par les équipes de France Travail ?
Nous avons déjà besoin de moyens supplémentaires pour accompagner les demandeurs d’emploi
Avec une réduction des effectifs, nous ne voyons pas comment il sera possible d’accompagner 1,5 million de nouveaux demandeurs d’emploi, conformément à l’article 1er de la loi plein emploi, qui intègre de nouveaux publics à partir de janvier 2025 :
- la personne à la recherche d’un emploi qui demande son inscription ;
- la personne qui demande le RSA, ainsi que son conjoint, son concubin ou son partenaire lié par un Pacs (inscription automatique pour ces derniers) ;
- la personne en recherche d’emploi qui sollicite l’accompagnement par la mission locale ;
- celle qui sollicite un accompagnement par le réseau Cap emploi.
Nous avons déjà besoin de moyens supplémentaires pour les conseillers à l’emploi, qui doivent gérer un portefeuille d’environ 400 personnes, pour accompagner les demandeurs d’emploi de manière correcte et personnalisée.
Quelles conséquences voyez-vous sur les conditions de travail ?
Il y a un décrochage très important sur l’attractivité des métiers
Cela créera des conditions de travail dégradées : une charge de travail, combinée à une augmentation de l’agressivité des usagers. De surcroît, sur les trois dernières années, 2022, 2023 et 2024, nous n’avons eu que 5,5 % d’augmentation générale de salaire, alors que l’inflation cumulée sur ces trois années est près de 13 %. Il y a donc un décrochage très important sur l’attractivité des métiers et sur le pouvoir d’achat des agents de France Travail. Non seulement on nous demande de faire plus avec moins, mais on ne compense pas l’inflation, en particulier pour les 600 agents recrutés sous le Smic qui sont au premier niveau de la grille de classification.
Concepts clés et définitions : #Smic ou Salaire minimum interprofessionnel de croissance, #QVCT (ex QVT) ou Qualité de Vie et des Conditions de Travail