Le salaire, une priorité pour 72 % des professions intermédiaires (baromètre Ugict-CGT/ViaVoice)
Par Agnès Redon | Le | Réclamations
« Pour 72 % des salariés (des professions intermédiaires), le salaire fait partie des priorités de leur vie professionnelle, ex-aequo avec la conciliation vie professionnelle-vie personnelle. Ce chiffre a augmenté de 16 points en trois ans », selon la 10e édition du baromètre annuel Ugict-CGT / Secafi réalisé par ViaVoice sur les professions intermédiaires le 19 juin 2024.
Le salaire, une priorité la majorité des professions intermédiaires
En 2024, le salaire est devenu la première des priorités des professions intermédiaires, pour 72 % d’entre eux, à égalité avec l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle (+16 points en 3 ans).
« La période d’inflation subie par les salariés en France depuis 2022 a révélé que sur les 25 dernières années les professions intermédiaires sont la catégorie socioprofessionnelle qui a le plus perdu en pouvoir d’achat », indique l’étude.
Alors que le salaire net moyen en équivalent temps plein des ouvriers et des employés a progressé respectivement de 16,3 % et 11,2 %, cette progression est inférieure pour les cadres (+3,4 %) et encore moins importante pour les professions intermédiaires (+2,4 %).
Le ressenti des professions intermédiaires quant à leur niveau de rémunération n’est pas en adéquation avec :
- leur charge de travail (56 %)
- leur implication au travail (61 %) +6 points pour les femmes
- leur qualification (49 %) +10 points pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
Augmentation du temps et de la charge de travail
En 2024, près de la moitié des professions intermédiaires (47 %) déclare travailler plus de 39 heures par semaine.
- 15 % de ces salariés déclarent travailler entre 45 et 48 heures par semaine, un chiffre en hausse (+1 point par rapport à 2023).
- Pour plus de la moitié des professions intermédiaires (52 %) la charge de travail a augmenté. Près d’une profession technicienne ou intermédiaire sur deux (48 %) constate une augmentation de l’intensité du travail en lien avec l’utilisation des technologies d’information et de communication (TIC) (+2 points par rapport à 2023). Il est à noter que les TIC sont de moins en moins identifiées comme facilitant le travail de ces salariés ;
- Ce ne sont plus que 39 % des professions intermédiaires qui considèrent que cela est encore le cas, contre 47 % en 2018.
« L’Ugict-CGT se mobilise pour que la Commission européenne prenne ses responsabilités après l’échec des négociations sur le télétravail et le droit à la déconnexion, et adopte une directive ambitieuse qui permettra d’améliorer le cadre légal français.
Par ailleurs, l’Ugict-CGT revendique une nouvelle étape de la réduction effective du temps de travail, et milite contre les forfaits-jour sans décompte horaire.
Elle a fait condamner la France plusieurs fois par le CEDS pour leur utilisation ; celui-ci relève que ces forfaits sont contraires à une durée raisonnable de travail, et à une rémunération équitable », indique l’étude.
Un niveau de qualification en hausse
Le niveau de qualification initiale des professions intermédiaires est élevé :
- 42 % des professions intermédiaires indiquent être diplômés d’un niveau bac+3 et plus (+23 points pour les femmes) ;
- 50 % des salariés indiquent avoir accédé à leur poste avec un diplôme au niveau demandé ;
- 14 % y ont accédé par promotion interne, en particulier dans l’industrie, et surtout dans les grandes entreprises) ;
- 13 % ont été recrutés avec un diplôme supérieur au niveau demandé (+5 points dans la fonction publique d’État, et +7 points chez les agents de maîtrise).
- Si 84 % des professions intermédiaires déclarent connaître leur position dans la hiérarchie de leur entreprise ou de leur administration, ils sont 51 % à la connaître dans celle des catégories socioprofessionnelles en France.
Par rapport aux ouvriers et employés, plus de 6 professions intermédiaires sur 10 estiment disposer de :
- plus de responsabilité (64 %),
- d’autonomie (63 %),
- de technicité et de qualification (60 %).
Par rapport aux cadres et aux ingénieurs, les professions intermédiaires déclarent majoritairement disposer de moins de :
- Responsabilité (52 %) ;
- Liberté pour proposer des changements internes (61 %) ;
- Pouvoir hiérarchique ou managérial (72 %).
33 % des professions intermédiaires déclarent que leur travail a seulement pour nature d’exécuter. Leur travail consiste à :
- aider à la prise de décision (63 %) ;
- aider leurs collègues à faire leur travail (78 %) ;
- mobiliser un savoir-faire ou une expertise métier (91 %).
« L’auto-positionnement des professions techniciennes et intermédiaires confirme bien leur identité de “salariés qualifiés à responsabilité”. Pourtant, et malgré l’ANI qui le confirme, les organisations patronales s’attèlent à invisibiliser les professions techniciennes et intermédiaires dans la hiérarchie salariale afin de profiter de leur technicité et de leur expertise sans la rémunérer », analyse l’étude.
Une perte de sens du travail
Parmi les professions intermédiaires, la perte de sens au travail est notable :
- 35 % estiment ne pas avoir les moyens de fournir un travail de qualité ;
- 36 % déclarent que leur intérêt et le sens qu’ils trouvent au travail a tendance à diminuer ;
- 64 % déclarent que leur éthique professionnelle rentre régulièrement en contradiction avec les choix et les pratiques de leur employeur. 19 % déclarent que cela est souvent le cas. (+3 points par rapport à 2023) ;
- Plus d’un salarié ou agent sur deux (56 %) souhaiterait disposer d’un droit d’alerte dans le cadre de leurs fonctions (+3 points par rapport à 2023).
« L’Ugict-CGT revendique la mise en place d’un droit de refus, d’alerte et de proposition alternative pour les salariés qualifiés à responsabilité. »
Une confiance aux syndicats
33 % des professions intermédiaires et techniciennes font confiance aux syndicats pour défendre leurs droits et leur emploi (+8 points en deux ans).
Chez les jeunes la proportion est encore plus grande : 40 % des 25-34 ans font confiance aux syndicats pour défendre leurs droits.
Les professions intermédiaires sont fortement féminisées
Parmi les 7 millions de salariés des professions intermédiaires :
- 23 % travaillent dans la santé ou le social, dont 80 % de femmes ;
- 14 % travaillent dans l’éducation pour 70 % de femmes.
« Ces métiers sont le miroir grossissant des difficultés auxquelles font face les professions intermédiaires : hausse du niveau de diplôme, et pourtant un déclassement structurel », précise l’étude.
Dans le détail, parmi les salariés des professions intermédiaires de la santé et du social :
- 65 % estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leurs responsabilités ;
- 74 % estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur charge de travail ou avec leur implication ;
- 52 % ont le sentiment que leur expertise professionnelle n’est pas reconnue ;
- 64 % ont le sentiment que leur charge de travail a augmenté depuis l’année dernière ;
- 49 % estiment ne pas avoir les moyens de fournir un travail de qualité ;
- 74 % déclarent que leur éthique professionnelle rentre régulièrement en contradiction avec les choix ou pratiques de leur entreprise/administration.
Méthode du sondage Ugict-CGT / Secafi réalisé par ViaVoice
• 1000 professions techniciennes et intermédiaires du public et du privé ont été interrogées en ligne du 02 au 21 mai 2024.
• La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants :
- sexe ;
- âge ;
- profession ;
- région ;
- secteur d’activité.
Concepts clés et définitions : #Syndicat, #ANI ou accord national interprofessionnel