Droits des salariés

Smic : les 5 enseignements sur les grilles salariales dans les TPE/PME en 2023 (Bpifrance)

Par Agnès Redon | Le | Réclamations

64 % des dirigeants de TPE/PME prévoient d’augmenter le salaire de leurs salariés en 2024 (après 72 % en 2023), selon le dernier baromètre trimestriel Bpifrance, Le Lab et Rexecode publié le 27 février 2024.

Droit des salariés : le baromètre des grilles salariales et du Smic dans les TPE/PME - © D.R.
Droit des salariés : le baromètre des grilles salariales et du Smic dans les TPE/PME - © D.R.

1/ Augmentations des salaires en 2024

D’après le baromètre, 64 % des dirigeants de TPE/PME prévoient d’augmenter le salaire de leurs collaborateurs en 2024, une proportion en baisse par rapport à 2023. Ils étaient alors 72 % à déclarer avoir augmenté les salaires.

  • L’évolution salariale moyenne au sein des TPE/PME, qu’elles aient prévu d’augmenter ou non les salaires de leurs collaborateurs, serait de +2,6 % en 2024, soit un peu moins qu’en 2023 (+3,4 %). 29 % des dirigeants prévoient en particulier des augmentations salariales pour 2024 supérieures à 3 %, soit 19 points de moins qu’en 2023 (48 % prévoyaient des augmentations de cet ordre).
  • Seuls 18 % des dirigeants prévoyant d’augmenter le salaire de leurs collaborateurs anticipent une hausse supérieure à celle de 2023 (c’était le cas de 42 % d’entre eux en 2023 par rapport à 2022) ; elle serait moindre pour 33 % d’entre eux.
  • Les hausses de salaires anticipées en 2024 dépasseraient à nouveau celles prévues pour les prix (+2,6 % en moyenne contre +1,2 %). 48 % des dirigeants anticipent en particulier une croissance des salaires supérieure à celle de leurs prix de vente en 2024 (30 % une croissance similaire et 21 % une croissance inférieure).
  • 42 % des TPE/PME anticipent dans ce contexte une réduction de leur marge nette cette année (29 % attendent une légère baisse et 13 % une franche baisse).

2/Tassement des grilles salariales au-dessus du Smic

34 % des dirigeants de TPE/PME ont constaté un tassement des grilles salariales de leurs collaborateurs en 2023, c’est-à-dire un rattrapage des salaires sous l’effet des revalorisations successives du Smic (dont 15 % pour une majorité de collaborateurs). 

  • Au sein de ces 34 % de TPE/PME ayant observé un tassement des grilles salariales, 22 % des dirigeants envisagent des revalorisations salariales dès 2024 permettant un rattrapage total (13 %) ou partiel (9 %) des hausses de Smic. Un tiers des dirigeants envisagent par ailleurs des augmentations individuelles au cas par cas. Les autres répondants (42 % des entreprises ayant observé un tassement des grilles) n’envisagent aucune mesure de rattrapage spécifique.
  • 15 % des dirigeants ont entrepris des mesures de revalorisation immédiate pour éviter l’impact sur les échelles de salaires des collaborateurs.
  • 51 % des TPE/PME se déclarent non concernées par ce tassement des rémunérations (en quasi-totalité car les salaires de leurs collaborateurs sont sensiblement supérieurs au Smic).

3/ Freins à la revalorisation salariale du côté de l’employeur

68 % des dirigeants de TPE/PME qui emploient des salariés au voisinage du Smic (soit 34 % de l’échantillon) déclarent avoir déjà restreint ou s’être sentis limités dans les augmentations salariales de ces derniers.

  • 15 % de dirigeants constatent un tassement des grilles salariales pour une majorité de collaborateurs. Parmi eux, 62 % font part de freins réguliers à la revalorisation. Ces derniers prévoient d’ailleurs de moindres augmentations salariales en 2024 (+1,3 % contre +2,6 % en moyenne).
  • Plus de la moitié des dirigeants (54 %, soit 18 % de l’échantillon total), lorsqu’ils sont interrogés sur les principaux freins à l’augmentation ou à la promotion des collaborateurs, identifient le manque de marges financières de l’entreprise comme raison principale, à égalité avec la hausse du coût du travail liée à la perte d’allègements de cotisations patronales. Un quart des répondants concernés indiquent comme frein à l’augmentation ou à la promotion une hausse du coût du travail trop importante au regard de la productivité associée au poste concerné.

Seule une minorité de dirigeants attribuent les difficultés qu’ils rencontrent pour accorder des augmentations salariales ou des promotions à l’absence de possibilité de promotion dans l’entreprise, aux rigidités des grilles salariales ou à une grande facilité à embaucher.

4/ Refus de promotion ou d’augmentation par les salariés

18 % des dirigeants de PTPE/PME concernés par le tassement des grilles salariales ont déjà été confrontés à un refus de promotion, de formation ou de nouvelles responsabilités par un collaborateur dont le salaire est proche du Smic (soit 8 % de l’échantillon), 3 % l’ont été de manière régulière.

  • 49 % des répondants concernés déclarent ne jamais avoir été confrontés à cette situation car les propositions d’évolution sont systématiquement acceptées par leurs collaborateurs. La situation ne s’est jamais présentée pour le tiers restant car il n’y a pas de possibilité d’évolution dans l’entreprise.
  • Interrogés sur les raisons d’un refus par un collaborateur proche du Smic d’une promotion, d’une formation ou de nouvelles responsabilités, les dirigeants de TPE/PME identifient comme raison principale, pour 62 % d’entre eux, la perte d’aides publiques et/ou la hausse d’imposition sous l’effet de la hausse de salaire proposée.
  • Trois autres motifs se distinguent :
    • Le refus de prendre des responsabilités (33 %),
    • Une hausse de rémunération jugée insuffisante par le collaborateur (28 %),
    • Des préférences en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie privée (24 %).

5/ Impact du phénomène de trappe à bas salaires sur la croissance

34 % des entreprises font état de situations de trappes à bas salaires, c’est-à-dire de seuils où la revalorisation de collaborateurs dont les salaires se situent à des niveaux proches du Smic est freinée en raison de facteurs propres aux dirigeants et/ou aux salariés. 26 % des dirigeants font part, dans le détail, de freins à la revalorisation côté entreprise uniquement, moins de 1 % côté salariés uniquement, et 8 % font part de doubles freins à la revalorisation, c’est-à-dire côté entreprise et côté salariés.

  • 54 % des dirigeants de TPE/PME confrontés à une situation de trappe à bas salaires (soit 17 % de l’échantillon total) estiment que celle-ci représente un frein pour la croissance de leur entreprise : 15 % trouvent que ce frein est important, 19 % qu’il est plutôt d’impact modéré et 21 % qu’il est mineur.
  • 25 % des dirigeants de TPE/PME confrontés à une situation de trappe à bas salaires considèrent toutefois que cette situation ne constitue pas un frein à la croissance de leur entreprise et 21 % jugent la question sans objet.

Méthode de l’enquête

• 3.312 dirigeants de TPE/PME ont été interrogés par voie numérique du 05 au 14 février 2024.

• Le champ de l'étude recouvre les TPE/PME des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.

Cliquez ICI pour consulter le baromètre trimestriel Bpifrance, Le Lab et Rexecode

Concepts clés et définitions : #Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic)