Dialogue social

Marylise Léon (CFDT) : « Le sujet des ordonnances ne fera l’objet d’aucun accord avec le patronat »

Par Agnès Redon | Le | Syndicats

Lors d’une rencontre organisée le 29 juin 2023 par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), Marylise Léon, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, a analysé les différents chantiers sociaux.

Marylise Léon (CFDT)  - © D.R.
Marylise Léon (CFDT) - © D.R.

Sur l’implantation de la CFDT

Marylise Leon, secrétaire générale de la CFDT, à l’Ajis - © D.R.
Marylise Leon, secrétaire générale de la CFDT, à l’Ajis - © D.R.

Concernant la représentativité de la CFDT au sein des CSE, qui seront nombreux à être renouvelés d’ici fin 2023, Marylise Léon explique disposer d’outils de cartographie de suivi des élections professionnelles.

L’objectif est de :

  • Négocier un maximum de protocoles d’accords préélectoraux (PAP) ;
  • S’implanter dans de nouvelles sections.
  • « Il y a des enjeux à accompagner les nouveaux adhérents qui ont rejoint la CFDT, notamment lors de la contestation de la réforme des retraites. Cependant, tout adhérent CFDT n’a pas pour vocation à devenir un militant. En effet, les jeunes générations perçoivent l’engagement syndical d’une manière différente.
  • La confiance portée aux organisations syndicales est haute. C’est une source d’optimisme et d’appui pour nous développer. La CFDT a été un cadre d’expression du mécontentement, c’est aussi une source d’inquiétude car la colère est forte. »

Sur la transition écologique

Marylise Léon déplore « l’inertie politique » en matière de transition écologique et ses conséquences sur les travailleurs de première ligne.

« Il faut avoir un discours de vérité et d’anticipation vis-à-vis de ces travailleurs, notamment sur les reconversions possibles. C’est maintenant que cela se joue. »

Voici quelques illustrations données par Marylise Léon :

  • « La mobilisation dans les entreprises et les administrations, grâce à l’action des collectifs d’adhérents qui mettent en réseau des militants qui veulent s’emparer de ces questions ;
  • L’utilisation de la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (dite “Climat et résilience') adoptée en 2021, pour faire de la transition écologique un sujet de dialogue social ;
  • Des actions sur le plan national, avec des militants investis dans les comités stratégiques de filières. Je suis moi-même dans le comité de suivi de France 2030. »

Sur l’intersyndicale

Marylise Léon souligne que « l’intersyndicale permet d’appuyer, de peser et de construire le rapport de force ».

  • L’enjeu de l’intersyndicale est de faire des propositions et nous avons listé certains thèmes de discussion sur l’assurance chômage et les ordonnances par exemple.
  • « Ce n’est pas parce que nous sommes en désaccord sur certains sujets que c’est du 'tout ou rien”.
  • Nous avons à la CFDT notre propre agenda, notre vision des choses et nos objectifs. »

Sur l’agenda social

Concernant l’agenda social, Marylise Léon est revenue sur les sujets prioritaires, parmi lesquels :

L’usure professionnelle

« Il y a des sujets où nous sommes encore en désaccord, comme la question de l’usure professionnelle. C’est un sujet qui crispe. Les organisations syndicales sont favorables à des discussions interprofessionnelle sur le sujet pour donner un cadre aux branches qui devront négocier et ainsi accéder à des fonds de prévention de la pénibilité. »

L’assurance chômage

« Nous avons besoin d’aller plus loin dans les discussions sur l’assurance chômage et surtout de savoir ce que le Gouvernement prévoit de faire en termes de feuille de route et de contenu de la lettre de cadrage. »

Les ordonnances

  • « Je ne souhaite pas que ce sujet figure à l’agenda social autonome. Il ne fera l’objet d’aucun accord possible avec le patronat mais nous l’adressons au Gouvernement.
  • Il en est de même sur la conditionnalité des aides et notamment sur notre proposition de suspendre les exonérations de cotisations pour les entreprises ayant des coefficients en-dessous du Smic. »

Sur la pénibilité au travail

  • « Certaines de nos fédérations ont des difficultés à amener les salariés exposés à certains critères de pénibilité jusqu’en fin de carrière.
  • Dans certaines conventions collectives, des accords sur la santé au travail ont cependant pu être négociés. »

Marylise Léon appelle certaines branches à travailler sur leurs propres métiers exposés, dans des secteurs où même les organisations patronales perçoivent les enjeux du maintien dans l’emploi.

« Au regard de ce qui se fait dans les branches, il faut que nous fixions un cadre interprofessionnel. »

Sur le Compte épargne temps universel (CETU)

Marylise Léon souhaite poursuivre le travail sur le Compte épargne temps universel (CETU) et que le dispositif fasse l’objet d’une négociation interprofessionnelle, pour une mise en place progressive.

  • « Le Gouvernement s’est exprimé sur le sujet dans le cadre des Assises du travail.
  • Nous demandons un abondement annuel de l’employeur et nous tenons à ce que ce ne soit pas un dispositif de pouvoir d’achat. Cela signifie que ce n’est pas du temps monétisable mais du temps épargné pour des projets professionnels ou personnels. »